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Globules Incandescents

Le poème ‘Globules Incandescents’ de Jean de Bosschère, écrit en octobre 1948, attire par son utilisation riche de métaphores et d’images maritimes. L’auteur, connu pour sa sensibilité poétique unique, nous offre une réflexion profonde sur la nature de la poésie elle-même, évoquant à la fois beauté et terreur à travers la figure emblématique du caïman. Ce poème reste significatif dans la mesure où il interroge le lien entre le langage et l’émotion tout en rendant hommage à un art littéraire souvent difficile à cerner.
… Souvent dans la crevasse d’un nuage sur l’ourlet d’une vague de la mer dans le manteau d’une phrase zoologique paraît, vêtu d’un faste d’orfèvrerie le Caïman, le crocodile voracité sur l’ourlet d’une vague de la mer La surprise prendra les traits de la terreur quand la bête émergera dans ses miroirs Le voyageur de l’air et de la mer ignore que le caïman peut ouvrir une gueule tapissée de viande crue et de maints tridents le caïman, dis-je, et cela détruit l’énigme sur l’ourlet d’une vague de la mer Or, chaque poème n’est pas un caïman pour lui l’athlète revêt d’autres armures le poème est un gouffre de mots insatiable tu les essaieras tous en accords et oppositions feu et glace, lumineux et obstrués de rocs Tu ne lui imposeras pas un nom qu’il ne vomisse avec mépris sur tes vocabulaires un caïman fort bien, mais un poème qui embrase et déçoit chaque créneau sur l’ourlet d’une vague de la mer Et pourtant, ils avaient humblement exigé de moi des squelettes et des charpentes qui dissent enfin de propositions droites et arc-boutées ce que c’était, tel poème sans origine ni famille révélé aux saints bénis inclus au nouvel âge surgi sur l’ourlet d’une vague de la mer Ils m’accordaient crédits éternels ma dette était leurs vies déracinées je leur devais identité, régime et poésie Sainte Mentepolle et Saint Logogure chères âmes de marmottes timides que j’avais tirées d’un vieux siècle de voûtes gothiques et de phylactères de fleurons, de moines et d’images je leur avais donné une promesse plus lourde qu’élever sans pharaons une pyramide un soir qu’ondulait une phrase de musique sur l’ourlet d’une vague de la mer Il leur fut transmis, aux mirlitons et grimauds que le paria obscur de sa ténèbre avait promis de dévoiler ce monstre de symphonie pensée le poème qui n’est pas un caïman exotique ce qu’est le poème, ultime épreuve du miracle qu’envie aux hommes le Seigneur Armés de flèches, de silex et de chaînes grimauds et mirlitons, avides d’aubaines surprendraient le secret de celui qui croit encore croit que la lésine n’a pas vaincu la poésie la bêtise paradoxale n’a pas dévoré la poésie qui croit comme vierge candide aux légendes sur l’ourlet d’une vague de la mer Et je vous promis ce qui serait votre mythe mais vous lisez mal, épelez par saccades Ce qui de jalousie farde le front des dieux c’est le poème c’est le geste des bras du Géant paria proscrit des loges, des cuisines, des offices et de la bêtise paradoxale Ce qui enténèbre d’envie les dieux ignorants les dieux dont les images sont les derniers miroirs c’est le poème à l’agonie déjà quand je prends les ciseaux et le calame Un poème, c’est vous Locuste et Madeleine quand vous récoltez un fossile sur le sable ou charmez de vos candeurs le dauphin sur l’ourlet d’une vague de la mer C’est la vacuité terrifiante et la falaise et cela ne cesse de commencer puis on voit tout ce que l’on pense c’est un poème, globules incandescents Une petite obole, et le voilà le voilà qui d’un bond envahit la suprême chapelle du cœur une petite obole, une autruche une liane, une procession broutant des rêves sur l’ourlet d’une vague de la mer Mais une autruche cela eût duré cela vit d’opérations et de mécanismes non, l’autruche est là-bas cela vit et ne pourrit pas en un jour Avec ce nom que j’écris plusieurs dynasties d’autruches, de bêtes chimériques affranchies des calendriers et des pitances toutes les dynasties inconnues ondulent sur l’ourlet d’une vague de la mer Tu vois l’invisible sans poids à travers l’antilope et la grenade et d’ailleurs l’univers comblé du visible ne laisse plus aucune bulle d’espace pour tes gazelles et tes fruits insolites et tu cherches un refuge te soustrais à l’envahissement douloureux c’est le poème Et le Seigneur envie mes antennes qui libèrent pour vous mon sang de mots Madeleine et Locuste sur l’ourlet d’une vague de la mer Octobre 1948
En explorant ‘Globules Incandescents’, le lecteur est invité à réfléchir sur la puissance de la poésie et son rôle en tant que miroir des sentiments humains. N’hésitez pas à découvrir davantage d’œuvres de Jean de Bosschère pour plonger plus profondément dans son univers poétique fascinant.

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