Dans la nuit où murmure le silence des âmes,
Sous la lune, éclat argenté de mille flammes,
Se rassemblent, en cercle sous les cieux immenses,
Les esprits du passé, murmures et présences.
Le dîner des fantômes
Au coeur d'une clairière, bordée d'arbres anciens,
Où le vent chante avec des accents de refrains,
S'érige une table d'ébène, longue et svelte,
Conviant les ombres à une danse svelte.
Les convives, vêtus de brumes et de mystère,
Prennent place, légèreté des êtres d'air,
Chacun portant en soi, histoires et mémoires,
Un souffle de vie, des éclats d'histoires.
Goblets de nuit remplis de l’essence de lune,
Aromatisés par le silence et la brune,
S'échangent en toasts aux souvenirs, aux regrets,
Sur ce festin spectral, passé remanié.
Premier plat servi, souvenirs en vinaigrette,
Arrosés de larmes, saveur douce-amère, disette
De moments perdus, dans le temps éparpillés,
Goûts de "si" et de "peut-être", jamais retrouvés.
Suit ensuite un plat, robuste, de résolutions,
Écrasées sous le poids de mille questions,
Garniture d'espoirs, condiment d'illusions,
Éphémères, comme les convives, sans illusions.
Un intermède de rires cristallins se déploie,
L'écho des joyeux moments, légers comme la soie,
Miroir d'une danse entre chagrins et plaisirs,
Vie éphémère, où s'entrechoquent désirs.
Le troisième service, tissé de liens brisés,
Relations distendues, amitiés essoufflées,
Nappées de ce qui fut, assaisonnées de l'absence,
Délices amers de la solitude, en cadence.
Le dernier mets, offrande de ce qu'on a été,
Couche finale, mélange de tout ce qui s'est créé,
Un patchwork de soi, riche de chaque instant,
Emprunte de ce que chacun laisse en partant.
Le dîner s'achève sur une note d'éternité,
Les convives, lentement, se lèvent, apaisés,
Dans la nuit qui les reprend, aux étoiles ils font face,
Esprits libérés, dans l'obscur, ils trouvent leur place.
Et sous la lune, témoin silencieuse de ce récit,
Le dîner des fantômes, douce mélodie,
Rappelle que la vie, même fragmentée, dispersée,
Retient beauté et amour, dans l'éphémère entrelacée.
Ainsi, lorsque la nuit s'étend et que le silence parle,
Souvenons-nous de ces âmes, dans leur marche,
Qui, entre deux mondes, dansent, aiment, existent,
Nous enseignant que tout passage mérite qu'on y résiste.
Le dîner des fantômes, bien plus qu'un simple conte,
Est un hymne à la vie, à ce que chacun conte,
Invitation à embrasser chaque instant, chaque épreuve,
Car en notre coeur, chaque histoire s'inscrit et s'élève.
Fin
Dans le souffle du vent, résonne ce dîner intime,
Évanescence de l'existence, douce rime.
Que chaque mot porte la lumière, le courage,
De vivre pleinement, à travers chaque âge.
Tel est le message des ombres dans la nuit,
Leur dîner, un tableau de la vie qui fuit,
Alors dansons, aimons, avec cette même ardeur,
Car chaque instant de vie est un infini honneur.
