Quand le soleil a fait place à la nuit,
Seul confident de ma mélancolie,
Le sombre
Young est l’astre qui me luit.
Parmi les morts, pensif et solitaire,
J’erre avec lui ; tandis qu’au haut des cieux
Phébé répand sa tremblante lumière.
Du rossignol les sons mélodieux.
Sa douce voix, si plaintive et si tendre,
Me touche moins que les vers sérieux,
Que les sanglots de l’ami de
Philandrc :
J’aime les pleurs qui remplissent mes yeux.
Eh ! d’où vient donc ce charme que j’éprouve ?
Avec
Young, hélas ! je me retrouve
Faible, sensible, et surtout malheureux.
Vain
Lorenzo! vous condamnez mes larmes-‘.
Ah ! j’ai donc tort, quand, sur un ton nouveau.
Je vous invite à chanter le tombeau,
Le temps qui fuit, la vie et ses alarmes,
Et les forfaits dont gémit l’univers
Et les tourments réservés aux pervers,
Graves objets, que ma muse préfère
Aux riens brillants d’un poète vulgaire.
Mais si le sombre a pour moi des attraits
Aux malheureux si mes chants peuvent plaire,
Vous, des amours favoris indiscrets.
Gardez pour vous les myrtes de
Cyrhère,
Et, par pitié, laissez-moi les cyprès.