L’échelle de Soie, un poème emblématique d’Arsène Houssaye, écrit en 1867, est une œuvre qui illustre avec maestria les thèmes du désir, de la trahison et de la fatalité. En puisant dans les images romantiques et dramatiques, Houssaye offre une réflexion poignante sur les conséquences dévastatrices des passions humaines. Ce poème reste gravé dans les mémoires pour son intensité émotionnelle et sa riche iconographie.
Chanson.
On entend au loin la chanson des merles ;
Ô ménétrier ! prends ton violon.
Les gais rossignols égrènent des perles ;
Quel beau soir ! Dansez, filles d’Avallon !
Vers ce vieux château dont la tour hautaine
Profile son ombre au fond du ravin,
Voyez-vous courir ce beau capitaine ?
Celle qui l’attend attend-elle en vain ?
L’étoile scintille à travers la nue ;
L’amant vient d’entrer, tirons les verrous :
Chut ! car le mari, seul dans l’avenue,
Tient bien son épée et parle aux hiboux.
On entend au loin la chanson des merles ;
Ô ménétrier ! prends ton violon.
Les gais rossignols égrènent des perles ;
Quel beau soir ! Dansez, filles d’Avallon !
Les cheveux épars, la blanche amoureuse,
Comme Juliette à son Roméo,
Dit à son amant : Que je suis heureuse !
Ah ! chantons toujours le divin duo !
Jamais deux amants, sous le ciel avare,
N’ont ainsi nagé dans l’enivrement ;
Mais l’heure a sonné, l’heure qui sépare :
Adieu, ma maîtresse ! Adieu, mon amant !
On entend au loin la chanson des merles ;
Ô ménétrier ! prends ton violon.
Les gais rossignols égrènent des perles ;
Quel beau soir ! Dansez, filles d’Avallon !
Mais sous le balcon d’où la noble dame
Dit encore adieu les yeux tout en pleurs,
On a vu soudain briller une lame,
Et le sang jaillir sur les blanches fleurs.
La dame, éperdue, à l’horreur en proie,
Se jette à genoux pour prier l’Amour.
Elle avait laissé l’échelle de soie :
Voilà le mari qui monte à son tour.
On entend au loin la chanson des merles ;
Ô ménétrier ! prends ton violon.
Les gais rossignols égrènent des perles ;
Quel beau soir ! Dansez, filles d’Avallon !
— Madame, c’est moi ; voyez mon épée ;
Ne devais-je pas laver mon affront ?
Voyez : dans son sang je l’ai bien trempée. —
Il dit, et lui jette une goutte au front.
Madame, vivez ; mais que votre bouche
Baise cette épée : elle me vengea.
— Vivre ainsi ? jamais ! Ah ! votre œil farouche
Ne me fait pas peur, car je meurs déjà.
On entend au loin la chanson des merles ;
Ô ménétrier ! prends ton violon.
Les gais rossignols égrènent des perles ;
Quel beau soir ! Dansez, filles d’Avallon !
De la main sanglante elle prend la lame,
La porte à sa bouche et baise le sang.
Horrible spectacle à nous glacer l’âme,
Sombre tragédie, acte saisissant !
Soudain la voilà qui, dans la croisée,
Se frappe trois coups : c’est le dénouement.
Et son sang jaillit, brûlante rosée,
Sur le front glacé de son pâle amant.
On entend au loin la chanson des merles ;
Ô ménétrier ! prends ton violon.
Les gais rossignols égrènent des perles ;
Quel beau soir ! Dansez, filles d’Avallon !
Extrait de:
La symphonie des vingt ans (1867)
On entend au loin la chanson des merles ;
Ô ménétrier ! prends ton violon.
Les gais rossignols égrènent des perles ;
Quel beau soir ! Dansez, filles d’Avallon !
Vers ce vieux château dont la tour hautaine
Profile son ombre au fond du ravin,
Voyez-vous courir ce beau capitaine ?
Celle qui l’attend attend-elle en vain ?
L’étoile scintille à travers la nue ;
L’amant vient d’entrer, tirons les verrous :
Chut ! car le mari, seul dans l’avenue,
Tient bien son épée et parle aux hiboux.
On entend au loin la chanson des merles ;
Ô ménétrier ! prends ton violon.
Les gais rossignols égrènent des perles ;
Quel beau soir ! Dansez, filles d’Avallon !
Les cheveux épars, la blanche amoureuse,
Comme Juliette à son Roméo,
Dit à son amant : Que je suis heureuse !
Ah ! chantons toujours le divin duo !
Jamais deux amants, sous le ciel avare,
N’ont ainsi nagé dans l’enivrement ;
Mais l’heure a sonné, l’heure qui sépare :
Adieu, ma maîtresse ! Adieu, mon amant !
On entend au loin la chanson des merles ;
Ô ménétrier ! prends ton violon.
Les gais rossignols égrènent des perles ;
Quel beau soir ! Dansez, filles d’Avallon !
Mais sous le balcon d’où la noble dame
Dit encore adieu les yeux tout en pleurs,
On a vu soudain briller une lame,
Et le sang jaillir sur les blanches fleurs.
La dame, éperdue, à l’horreur en proie,
Se jette à genoux pour prier l’Amour.
Elle avait laissé l’échelle de soie :
Voilà le mari qui monte à son tour.
On entend au loin la chanson des merles ;
Ô ménétrier ! prends ton violon.
Les gais rossignols égrènent des perles ;
Quel beau soir ! Dansez, filles d’Avallon !
— Madame, c’est moi ; voyez mon épée ;
Ne devais-je pas laver mon affront ?
Voyez : dans son sang je l’ai bien trempée. —
Il dit, et lui jette une goutte au front.
Madame, vivez ; mais que votre bouche
Baise cette épée : elle me vengea.
— Vivre ainsi ? jamais ! Ah ! votre œil farouche
Ne me fait pas peur, car je meurs déjà.
On entend au loin la chanson des merles ;
Ô ménétrier ! prends ton violon.
Les gais rossignols égrènent des perles ;
Quel beau soir ! Dansez, filles d’Avallon !
De la main sanglante elle prend la lame,
La porte à sa bouche et baise le sang.
Horrible spectacle à nous glacer l’âme,
Sombre tragédie, acte saisissant !
Soudain la voilà qui, dans la croisée,
Se frappe trois coups : c’est le dénouement.
Et son sang jaillit, brûlante rosée,
Sur le front glacé de son pâle amant.
On entend au loin la chanson des merles ;
Ô ménétrier ! prends ton violon.
Les gais rossignols égrènent des perles ;
Quel beau soir ! Dansez, filles d’Avallon !
Extrait de:
La symphonie des vingt ans (1867)
Ce poème nous invite à contempler l’intensité des sentiments humains face à la tragédie. N’hésitez pas à explorer davantage les œuvres d’Arsène Houssaye et à partager vos réflexions sur cette œuvre fascinante.