Les Neiges de l’Âme Trahie
I
Sur l’autel glacé d’une montagne austère,
Où les vents sifflent d’un funeste présage,
Se dresse, solitaire, la blanche terre,
Miroir figé d’un destin en naufrage.
II
L’aube, d’un voile vermeil, enflamme le ciel,
Et l’azur se fait cimetière de songes,
Où se perdent en un soupir les passerelles
D’espoirs fanés aux ombres qui se prolongent.
III
Au cœur de l’hiver, en la plaine immaculée,
Vivait Élénore, dame aux yeux mélancoliques,
Dont le destin, cruel, fut de n’être qu’errer,
Trahie par l’amour, par des serments obliques.
IV
Dans ses prunelles luit une flamme éteinte,
L’éclat d’un rêve jadis pur et radieux,
Qui s’efface désormais, âme déteinte,
Sur la neige, écrite d’un sort funeste et odieux.
V
Elle prit la route, l’esprit chargé d’amertume,
Fuyant le souvenir d’un tendre naufrage,
Le pas lent, sa foi en l’avenir s’allume,
Pour entamer en silence un funeste voyage.
VI
Les monts enneigés, froids gardiens du passé,
Témoignent de l’espoir brisé en un soupir,
Quand dans la vie un serment fut renié,
Et que le cœur en lambeaux ne put se repentir.
VII
« Ô destin cruelle, qui mon âme a trahie, »
Murmure-t-elle, la voix douce, à la neige,
« Par le souffle du vent, par la nuit infinie,
Mes rêves se perdent, funestes et sans liesse. »
VIII
Dans l’écrin glacé du désert des cimes,
Se meuvent des mirages d’un passé radieux,
Des reflets d’amours, d’anciennes douces rimes,
Aujourd’hui enfouis sous le froid des cieux.
IX
Sur un sentier escarpé, d’or et de silence,
Elle rencontre un vagabond aux yeux d’orage,
Raoul, compagnon d’une fausse confiance,
Dont le regard dissimule un sombre outrage.
X
« Venez, chère amie, vers des terres plus clémentes, »
Dit-il d’une voix caressante et mensongère,
Sous les neiges éternelles et les âmes latentes,
Il promet monts et merveilles à la lumière.
XI
L’espoir renaît en son cœur meurtri et brisé,
Tel un fragile lys éclatant dans la nuit,
Elle cède à l’élan d’un amour trop pressé,
Ne soupçonnant pas que le sort la trahit.
XII
Chaque pas sur la neige écrase un serment,
Et chaque flocon, en éclats de regrets,
Révèle l’ombre funeste d’un amour dément,
L’hainé de la douleur et des cœurs délaissés.
XIII
Sous la voûte glacée d’un décor sépulcral,
Leurs voix s’élèvent en un chant d’espérance,
Dans l’horizon blême d’un destin brutal,
Leurs âmes se mêlent, scellant leur errance.
XIV
« Mon Aimé, » dit-elle aux abîmes du silence,
« Promets-moi fidélité aux plis de l’hiver,
Que jamais ne se fraie, en l’ombre de l’existence,
La voie de la trahison, funeste et amère. »
XV
Mais le vent murmure, complice des douleurs,
Dans le creux des montagnes, insidieux et froid,
Le secret de Raoul, porteur de mille heures
De trahison, dissimulé dans un pâle éclat.
XVI
En un moment d’éclair, son cœur fut trompé,
Par des paroles enjolivées d’espoir,
Les serments d’amour, par le temps dérobés,
Se changèrent en chaînes, lourdes de désespoir.
XVII
La neige, témoin du serment déchu, se tait,
Et sous l’astre froid d’un destin implacable,
Naquit la douloureuse fin d’un rêve en retrait,
Où la trahison s’inscrit d’un trait redoutable.
XVIII
Les jours s’égrenant en un lugubre sillon,
Portèrent bientôt l’amer fruit de la tromperie,
Et le cœur d’Élénore, en son noir déraison,
Se vida en soupirs, en mélancolie infinie.
XIX
Un soir d’orage, dans un tavernier refuge,
Elle interrogea Raoul d’une voix vacillante :
« Ô mon amour, est-ce qu’en toi s’insinue
La promesse de l’aube ou l’ombre inquiétante ? »
XX
Le regard fuyant, le messager du mensonge,
Répondit en murmures, aux accents de damné :
« Ma douce, dans l’éclat d’un rêve qui se prolonge,
Les sentiers du destin, sans retour, sont tracés. »
XXI
Les mots se perdirent dans l’obscur silence,
Comme les traces fuyant sous la neige immobile,
Tandis que dans le vent, naquit une sentence,
Que la trahison tisserait un fil fragile.
XXII
Le temps, implacable, égrenne ses regrets,
Et l’hiver, telle une amante impitoyable,
Enveloppe de son voile les chers attraits
D’un amour jadis pur, à l’issue inexorable.
XXIII
Sur les crêtes où danse l’ombre des chimères,
Élénore erre, perdue en douloureux émois,
Les pas marqués en creux d’une route austère,
La conduisent vers un linceul de froid émoi.
XXIV
Ainsi, dans l’immensité d’un paysage funèbre,
Elle se souvient des jours de douce ivresse,
Quand l’amour semblait un chemin qu’on célèbre,
Avant que la trahison ne fût la détresse.
XXV
Les étoiles, témoins des serments défaits,
Racontent en silence la chute du bonheur
Et les cœurs meurtris, que l’heure cruelle arrête,
S’épuisent dans l’attente d’un ultime labeur.
XXVI
Raoul, dans l’ombre, s’efface sans remords,
Laisser laissant en échos son tranchant venin,
Et l’âme d’Élénore, en détresse mort,
Se voile de larmes sur l’immuable chemin.
XXVII
« Pardonne-moi, mon aimée, si mon cœur trahi
A été l’objet d’un calcul implacable,
Mais le destin, implacable et sans répit,
Nous a liés en un pacte inévitable. »
(Voix éteinte d’un regret aux accents funèbres,
Suspendue entre la promesse et le néant,
L’amour s’efface dans un soupir des ténèbres,
Et laisse des cendres au milieu du temps.)
XXVIII
Mais dans le hémistiche du souvenir amer,
Se niche une lueur d’un espoir trop subtil,
Un dernier frisson qui, malgré le désespoir,
Fait vibrer encore l’envol d’un calme exil.
XXIX
Là, dans la solitude d’un crépuscule,
Élénore contemple la neige qui s’étend,
Et dans le reflet froid de l’astre incongru,
Elle revoit le visage d’un amour dément.
XXX
Son cœur en lambeaux, brodé de mille regrets,
Cherche dans la nuit l’ombre d’un tendre archet,
Mais la mélodie s’éteint, victime des attraits
D’un destin engourdi par la trahison, l’obscur secret.
XXXI
Les monts résonnent de chants mélancoliques,
Où se mêlent les échos d’un passé brisé,
Réminiscence d’un amour aux rives naïves,
Que la perfidie a réduit en poussière glacée.
XXXII
« Viens, ô douleur, demeure en mon âme en péril, »
Murmure-t-elle, sous le joug d’un funeste hiver,
« Que chaque flocon, chaque souffle, chaque fil
Du destin cruel soit mon ultime mystère. »
XXXIII
Ainsi se joue le drame d’une vie errante,
Où l’amertume tisse le voile d’un adieu,
L’écho des serments, en une complainte errante,
Résonne en silence dans l’infini des cieux.
XXXIV
On raconte aux hommes, en un murmure discret,
Que la montagne sait recueillir les secrets,
Les amours déchus, les esprits désolés,
Qui pour l’éternité en ses crevasses sont liés.
XXXV
Quant à Raoul, ombre d’un passé perfide,
Il s’est perdu dans le flot des vagues de mensonges,
Ne laissant derrière lui que l’ombre livide
D’un amour trahi, d’une vie aux trop longs songes.
XXXVI
Le chemin, sinueux, conduit l’âme à l’abîme,
Et dans le givre de ces paysages moroses,
Réside la leçon des destins en sublimes rimes
Où la trahison se scelle en lignes précieuses.
XXXVII
Dans les plis de la neige et l’ombre d’un soupir,
Élénore endure le fardeau d’une douleur,
Où l’écho d’un serment, dans l’air, vient écrire
La triste chronique d’un amour en malheur.
XXXVIII
L’hiver, impitoyable, poursuit son œuvre amère,
Peignant en blanc l’ultime testament du temps,
Et le cœur meurtri, dans un dernier éclair,
S’abrège dans la glace d’un destin désolant.
XXXIX
Sur le chemin d’un voyage aux issues incertaines,
La fièvre des promesses s’efface dans la nuit,
Et les monts, dans leur grandeur aux murmures vaines,
Recueillent le cri d’un amour qui finit.
XL
Ô destinée, cruelle et inexorable,
Qui scelles le sort d’une âme en dérive,
Laisse-nous, en nos pleurs, l’empreinte mémorable
D’un serment brisé, d’une vie qui s’enivre.
XLI
Dans le vent qui s’élève en un funeste murmure,
L’ombre d’un adieu se glisse, sournoise et amère,
Tandis que la neige, en une danse pure,
Recouvre l’histoire d’une peine solitaire.
XLII
Ce long périple, aux notes de tragédie,
Fut le chemin d’une femme au destin brisé,
Où la trahison, par des lèvres insidieuses,
Laissa en son cœur l’empreinte d’un glas funeste.
XLIII
Les souvenirs, tels des cristaux éphémères,
S’entrechoquent en un ultime requiem,
Et le charme d’autrefois, nul ne le préserve,
Face à un avenir condamné à l’agonie des temps.
XLIV
La montagne, impassible, se moque des destins,
Observant de son piédestal de pierre sacrée,
Les errances d’un cœur meurtri par ses chagrins,
Se scellant à jamais d’une trahison désolée.
XLV
Dans le dernier acte, avant que s’éteigne vie,
Élénore s’incline devant l’inévitable,
Et, comme un songe perdu en une nuit ravie,
Son âme s’envole, en un soupir ineffable.
XLVI
Ainsi s’achève le funeste voyage d’une âme,
Dont l’ardeur fut piétinée par l’ombre du traître,
Et dans ce chant de douleur, où brûle la flamme,
L’écho demeure, murmure d’un destin qui se traître.
XLVII
Et si l’on vient, par hasard, d’écouter le vent,
Qui conte en douceur la triste légende en écho,
Sachez que l’amour fidèle, à l’instant déclinant,
Se meurt dans la neige, gelé sous un sombre flambeau.
XLVIII
Ô spectre de tristesse, écoutez le silence,
Où se dissout le rêve d’une vie en déclin,
Car la montagne enseigne, avec torpeur immense,
Que tout amour trahi s’éteint en un destin chagrin.
XLIX
Dans l’immensité du froid, sur les cimes d’argent,
Le souvenir d’Élénore s’inscrit en lettres d’or,
Marquant d’un sceau éternel un mal si déchirant,
Que la trahison l’emporte dans son funeste décor.
L
Au dernier souffle, dans l’immuable hiver,
Quand le crépuscule enlace l’âme échouée,
La lueur d’un espoir se brise, solitaire,
Telle la vie d’une femme par le destin trahie, abandonnée.
Ainsi s’achève le récit d’un voyage condamné,
Où la trahison scella le sort d’un tendre cœur,
Et sur la montagne enneigée, à jamais marqué,
Reste l’ombre d’un amour brisé, douloureux malheur.
Que ce chant poignant, aux alexandrins figés,
Telle une complainte du passé et de son errance,
Puisse émouvoir l’âme en ses heures tourmentées,
Et rappeler à l’humanité la cruelle sentence.
Fin.