Le Limerick : Un Genre Poétique Humoristique
Un limerick est une forme de vers qui est apparue à Limerick, dans le comté de Limerick, en Irlande, au début du XVIIIe siècle. En combinaison avec un refrain, il forme une chanson limerick, une chanson humoristique traditionnelle souvent associée à des vers obscènes. Il est écrit en cinq vers, principalement en trimètre amphibrachique, avec un schéma de rimes strict AABBA, où les premier, deuxième et cinquième vers riment entre eux, tandis que les troisième et quatrième vers sont plus courts et partagent une rime différente.
Le limerick a été popularisé par Edward Lear au XIXe siècle, bien qu’il n’ait pas utilisé ce terme. D’un point de vue folklorique, cette forme est essentiellement transgressive ; la violation des tabous en fait partie intégrante. Selon Gershon Legman, qui a compilé la plus grande et la plus savante anthologie, cette forme populaire est toujours obscène et l’échange de limericks est presque exclusivement réservé à des hommes relativement bien éduqués. Les femmes figurent dans les limericks presque exclusivement en tant que « méchantes ou victimes ». Legman a écarté le limerick « propre » comme une mode périodique et un objet de concours de magazines, rarement au-dessus de la médiocrité. Son humour ne réside pas dans le « punch line » final mais plutôt dans la tension entre le sens et son absence.
L’exemple suivant est un limerick d’origine inconnue :
Le limerick emmagasine des rires anatomiques
Dans un espace qui est assez économique.
Mais les bons que j’ai vus
Sont si rarement propres
Et les propres sont si rarement comiques.
La forme standard d’un limerick est une strophe de cinq vers, avec des premier, deuxième et cinquième vers rimant entre eux et ayant trois pieds de trois syllabes chacun ; et les troisième et quatrième vers, plus courts, rimant également entre eux, mais n’ayant que deux pieds de trois syllabes. Les troisième et quatrième vers sont généralement anapestes, ou un iambe suivi d’un anapeste. Les premier, deuxième et cinquième vers sont généralement soit des anapestes, soit des amphibraques.
Le premier vers introduit traditionnellement une personne et un lieu, le lieu apparaissant à la fin du premier vers et établissant le schéma de rime pour les deuxième et cinquième vers. Dans les premiers limericks, le dernier vers était souvent essentiellement une répétition du premier vers, bien que cela ne soit plus courant.
Au sein du genre, le stress de la parole ordinaire est souvent déformé dans le premier vers et peut être considéré comme une caractéristique de la forme : « Il y avait un jeune homme de la côte » ; « Il y avait une fois une fille de Detroit… ». Legman considère cela comme une convention par laquelle la prosodie est violée simultanément avec la bienséance. L’exploitation des noms géographiques, en particulier des noms exotiques, est également courante et a été vue comme une invocation des souvenirs des leçons de géographie afin de subvertir la bienséance enseignée dans la salle de classe.
Les limericks les plus prisés incorporent une sorte de retournement, qui peut être révélé dans le dernier vers ou résider dans la manière dont les rimes sont souvent intentionnellement torturées, ou les deux. Beaucoup de limericks montrent une forme de rime interne, d’allitération ou d’assonance, ou un élément de jeu de mots. Les vers en forme de limerick sont parfois combinés avec un refrain pour former une chanson limerick, une chanson humoristique traditionnelle souvent avec des vers obscènes.
L’origine du nom limerick pour ce type de poème est débattue. Le nom est généralement considéré comme une référence à la ville ou au comté de Limerick en Irlande et peut dériver d’une forme antérieure de jeu de société de vers absurde qui incluait traditionnellement un refrain tel que « Viendrez-vous à Limerick ? »
Bien que le New English Dictionary enregistre la première utilisation du mot limerick pour ce type de poème en Angleterre en 1898 et aux États-Unis en 1902, plusieurs exemples antérieurs ont été documentés ces dernières années, le plus ancien étant une référence de 1880 dans un journal de Saint John, Nouveau-Brunswick, à une mélodie apparemment bien connue.
Voici un exemple d’un limerick d’Edward Lear :
Il y avait une jeune personne de Smyrne
Il y avait une jeune personne de Smyrne
Dont la grand-mère menaçait de la brûler.
Mais elle saisit le chat,
Et dit : « Grand-mère, brûle ça !
Toi, vieille femme incongrue de Smyrne !
La forme de limerick est si bien connue qu’elle a été parodiée de nombreuses manières. L’exemple suivant est d’origine inconnue :
Il y avait un jeune homme du Japon
Dont les limericks ne rimaient jamais.
Et quand on lui demanda pourquoi,
Il dit : « J’essaie !
Mais quand j’arrive au dernier vers, j’essaie d’y mettre autant de mots que je peux. »
Exemple de Poème Limerick
Il y avait un vieux sage de Paris
Qui disait d’un ton très précis,
« Quand je perds ma tête,
Je danse, je m’inquiète,
Mais je ris, même si c’est un dénis. »
Dans ce limerick :
– Le premier vers présente un personnage et un lieu (Paris)
– Les vers 1, 2 et 5 riment entre eux, respectant le schéma AABBA
– Les vers 3 et 4 sont plus courts, ajoutant une touche humoristique.