Dans ‘Mémoire D’hiver’, Maurice Chappaz nous transporte dans un monde rempli de nostalgie où les souvenirs d’enfance se mêlent à un hiver silencieux. Écrit durant le 20ᵉ siècle, ce poème évoque la simplicité des moments passés, aspirant à capturer l’essence même de l’innocence perdue. À travers ses vers, Chappaz réussit à toucher des émotions universelles qui résonnent avec quiconque a chéri des souvenirs nostalgiques.
Reriens Anne, ma sœur Anne, quand tous les morts sont partis, à l’épicerie d’enfance où du plancher pointaient les pains de sucre en stalagmites de papiers bleus, où j’achetais les cornets surprise et la bague en fer-blanc. Ma mère avait de noirs cheveux. Je me souviens de la grappe de brouillard : l’haleine de deux chevaux qui stationnaient toujours dans la ruelle tels des moines en prière. Tu as vu? leur peau qui tremble, les yeux plus vastes que des prunes bleues, ils cherchent contre les murs le foin de nos rêves d’hiver. la petite épicerie ne vend plus que le silence et l’errance, un savon et une âme. Voici la fumée qui frissonne et la vitrine gelée. L’instant va venir pour moi d’être pesé avec de minces poids de cuivre et de filer par l’épuisette. Vile ! la clochette de la porte tinte comme un prêtre qui passe : — Dix sous d’éternité?
Ce poème nous invite à réfléchir à la richesse de notre passé et à l’impact indélébile de nos souvenirs. Explorez davantage l’œuvre de Maurice Chappaz pour découvrir d’autres trésors de la poésie qui interrogent notre rapport au temps et à la mémoire.