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Passage du temps sous une ville en ruines

Passage du temps sous une ville en ruines
Dans une ville en ruines, enveloppée d’une brume éternelle, un enfant aux yeux pâles erre parmi les débris d’un empire disparu. Son cœur bat au rythme des cloches ensevelies, cherchant désespérément les réponses à des questions que les murs murmurent en écho. Ce poème explore la quête d’identité, la fragilité de la mémoire et l’inéluctable passage du temps, à travers les pas d’un orphelin qui dialogue avec les fantômes du passé.
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L’Orphelin des Heures Déchues

I
La cité gisait en son linceul de brume,
Squelette de granit rongé par les années,
Où le temps, faucheur morne, en sa course consume
Les échos d’un empire aux voûtes effrénées.
Un enfant aux yeux pâles, vêtu d’ombres légères,
Foulait les pavés froids que la mousse a colonisés,
Cherchant dans les débris des mémoilles étrangères
Le nom qui fleurissait aux lèvres d’un passé.

Son cœur, fragile atlas de routes effacées,
Battait au rythme lent des cloches ensevelies ;
Il suivait, pas à pas, les traces fracassées
D’un rêve que le vent berçait en le pillant.
« Qui donc m’a engendré sous ces voûtes stériles ?
Quel visage a veillé sur mes nuits sans flambeaux ? »
Murmurait-il aux murs, gardiens taciturnes,
Tandis que les échos lui rendaient son fardeau.

II
Un jour, il rencontra l’Esprit des Ruines
Dont la robe était faite de lunes déchirées ;
Elle dansait, fantôme aux paupières divines,
Sur les tombeaux croulants des nefs déshabitées.
« Je suis celle qui sait les clés des portes closes,
Les noms que l’oubli coud en son linceul épais,
Mais chaque vérité porte en elle une dose
De ce poison subtil qui corrompt les regrets. »

L’enfant tendit ses mains, creusets d’espoirs austères :
« Donne-moi le miroir où se peint mon origine,
Je veux voir le jardin où naquireient mes frères,
Et l’arbre dont mon sang garde la saveur amère. »
La fée, avec un rire éteint par les décombres,
Lui offrit un collier d’heures cristallisées :
« Porte ceci à la tour où dorment les nombres,
Et tu sauras pourquoi les destins sont liés. »

III
Il gravit les degrés des siècles entassés,
Chaque marche un abîme, chaque palier un âge,
Tandis qu’autour de lui, les murs exténués
Saignaient des alphabets perdus de leur langage.
En haut trônait un livre aux pages de lumière,
Où dansaient les destins en lettres de sang noir ;
L’enfant y vit son nom, né d’une main première,
Puis effacé soudain par un doigt sans espoir.

« Je fus aimé », lut-il dans un paragraphe pâle,
« Par des ombres qui ont désappris le berceau.
Ma vie est un soupir dans un chant qui s’exhale,
Mon héritage : un lit de cendre et de roseaux. »
Le livre se ferma dans un soupir de cendre,
Et le collier tomba en pluie de diamants froids,
Chaque pierre un fragment de mémoire à reprendre,
Chaque éclat un instant dérobé au néant.

IV
Il redescendit, lourd de savoirs inutiles,
Vers la ville qui avait oublié son visage ;
Les rues, comme un serpent lassé de ses reptiles,
Se dérobaient sous lui en un morne tissage.
« Reviens ! » criaient les murs en leur langue de sel,
Mais l’enfant ne sentait déjà plus ses racines :
Le temps, ce vieux complice aux doigts d’immortel,
Avait lacéré l’âme où germaient ses ruines.

Il erra, spectre tendre, parmi les colonnades,
Appelant en vain ceux que les ans avaient bus,
Tandis que sur ses pas, les ombres malade
S’étiraient en reflets de bonjours disparus.
Un soir, il s’allongea sous un portique morne,
Et sentit lentement le crépuscule frais
Effacer ses contours, dissoudre son auror,
Comme un mot rayé d’un poème imparfait.

V
La ville, à présent, garde en ses pierres
Un souffle plus léger qu’un regret envolé ;
Parfois, on croit entendre, au détour d’une ornière,
Une voix qui questionne un silence éboulé.
Les voyageurs, croyant saisir une prière,
Ne trouvent que le vent, pleurant ses souvenirs ;
Et le temps, inexorable, en sa course dernière,
Continue d’effeuiller les espoirs à venir.

L’orphelin n’est plus qu’un pli dans l’étoffe
Des légendes que l’aube efface à l’horizon ;
Son nom, jadis gravé dans le marbre des troph,
S’est fondu dans la pluie et le chant des saisons.
Ainsi va toute chair, toute quête, tout présage :
Un soupir dans la nuit, une vague à la mer,
Et le cœur qui se croit maître de son voyage
N’est que poussière aimantée au vide éternel.

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Le temps, ce faucheur silencieux, efface inexorablement les traces de nos existences. L’orphelin, devenu spectre, nous rappelle que nos quêtes, nos souvenirs et nos espoirs ne sont que des éclats fugaces dans l’immensité de l’éternité. Ce poème nous invite à réfléchir sur la fragilité de notre héritage et sur la manière dont nous choisissons de vivre, malgré l’inévitable effacement de nos traces.
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Auteur: Jean J. pour unpoeme.fr
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