Je veux chanter le
Dieu qui règne sur la terre,
Qui nous donne la paix au plus fort de la guerre
Et fait naître l’olive au milieu des lauriers.
Je veux que ses bienfaits entretiennent ma lyre,
Et que tout l’univers désormais puisse dire
Qu’il a mis un pasteur au rang de ses guerriers.
II
C’est lui de qui la force, en miracles féconde,
Par les mains d’un enfant et du coup d’une fonde,
Des superbesa
Titans peut l’orgueil étouffer.
C’est lui qui m’a sauvé des coups de la tempête,
Mis les armes au poing, les palmes à la tête,
Et fait en même temps combattre et triompher.
III
Le
Seigneur que je sers est ma garde ordinaire,
L’immobile rocher et le port salutaire
Où le vent de sa grâce à la fin me conduit.
C’est l’unique recours qui flatte mon attente,
Le phare qui m’éclaire au fort de la tourmente
Et l’astre qui me guide au milieu de la nuit.
VI
L’homme, que tu chéris, n’a rien que de fragile,
C’est un vaisseau de terre, une masse d’argile
Que l’on peut sans effort ou dissoudre ou casser.
Tous ses jours assemblés ne font qu’un petit
nombre.
Son désir est un vent, son plaisir est une ombre;
Et sa gloire un éclair qui ne fait que passer.
VIII
Mais bien qu’il soit des vers la fatale victime,
Son âme, dont le prix rend ton soine légitime,
Accorde ta justice avecque ta bonté.
C’est l’auguste miracle où reluit ta puissance,
C’est la glace fidèle où l’on voit ton essence
Et le vivant rayon de ta divinité.