tвАЩes vraiment pas √† la zвАЩhauteur !
TвАЩas donc des ≈Уils pour ne pas voir
quвАЩles socialissвАЩ se foutвАЩ de toi ?
AlorвАЩs tu connais pus ton dвАЩvoir…
tu fвАЩrais bien mieux dвАЩrester chez toi,
aupr√®s dвАЩta m√іme et dвАЩtes mignards,
quвАЩdвАЩaller calter dans lвАЩisoloir
pour voter pour les pus gueulards…
вАФ TвАЩas donc pas dвАЩc≈Уur ! TвАЩas donc pas dвАЩc≈Уur,
électeur, mon frère électeur !
I suffit qui tвАЩpromettвАЩ la lune,
le paradis terrestвАЩ suвАЩ terre,
вАФ (Pus dвАЩ malheureux, pus dвАЩ prol√©taires :
on poss√©dвАЩra tous unвАЩ fortune !)
qui tвАЩ racontвАЩ des tas dвАЩ balivernes,
des vertвАЩs et encor des pas m√їres !
Ah ! jвАЩ crois quвАЩils attigвАЩnt ta figure !
Les vessies sont pas des lanternes,
électeur, mon frère électeur !!!
Et pis, porquoi quвАЩ ta m√іmвАЩ votвАЩ pas ?
Alle a donc pas dвАЩ√ҐmвАЩ, comme y disent
les frocards et les gens dвАЩ√©glise,
qui sont toujours au moyen-√Ґge
et qui veulвАЩ eurtarder lвАЩProgr√®s,
la Libert√©, lвАЩ√Йgalit√©,
même aussi la Fraternité !
Ta grognasse aussi dвАЩvrait voter !
MerdвАЩ ! tвАЩas donc la froussвАЩ des gonzesses,
tu chialвАЩs d√©j√† dвАЩvant les m√©nesses ;
tвАЩas lвАЩtaf de les √©manciper !
TвАЩes pas un homme, ya pas, tвАЩas peur,
électeur, mon frère électeur !
√Йlecteur, mon fr√®re √©lecteur,
√©coutвАЩ bien les mots que jвАЩte chante
вАФ Propositions
dans la languвАЩ dвАЩ la conversation
courante вАФ
Ma phrase est surвАЩment pas savante
mais jвАЩ veux quвАЩ tu mвАЩentravвАЩ avant tout
et jвАЩ te dis rien pour tвАЩamuser,
mais jвАЩ voudrais tвАЩ√©vang√©liser.
Et cвАЩ mot-l√† me rappelle unвАЩ chose
que jвАЩ mвАЩen vais tвАЩ servir, en ma prose :
√Йlecteur, mon fr√®re √©lecteur,
si y sвАЩ pr√©sentait devant toi
deux candidats :
DвАЩun c√іt√© Mossieu Barabbas
(un affameur, un profiteur)
et dвАЩ lвАЩautвАЩ le Fils de lвАЩHommвАЩ, Jasus,
lвАЩ philosophвАЩ quвАЩa √©t√© vendu
par les cur√©s, au temps dвАЩH√©rode,
√Іui qui pr√©f√©rait les putains
et les roulurвАЩs aux gossвАЩ girondes,
√Іui quвАЩ√©tait bon pour le pauvвАЩ monde
et quвАЩaimait pas les Philistins,
√Іui qui marchait sur lвАЩOc√©an,
√Іui qui ressuscitait les morts,
√Іui quвАЩ√©tait fort comme un g√©ant,
lвАЩRaisonneur quвАЩavait jamais tort,
√Іui qui disait : ¬Ђ Mon r√®gne arrive.
¬Ђ Par une aiguille un dromadaire
¬Ђ passвАЩrait put√іt, quвАЩun propвАЩi√©taire
¬Ђ nвАЩirait aux cieux ! ¬ї, sentant lвАЩlubin
quвАЩ cвАЩ√©tait comme une encens divine !
√Зui qui multipliait les pains,
qui tirait des sardinвАЩs dвАЩ sa poche,
encor, encor, encor, tout plein…..
√Зui quвАЩaimait pas le bruit des cloches
ni les discours des prêtres noirs,
celui quвАЩ√©tait si bath √† voir
quвАЩ√©pat√©es, les populations
dвАЩ J√©rusalem jusquвАЩ√† Sion,
lвАЩ jambonnait du matin au soir !
Jasus, √Іui qui voulait lвАЩ bonheur
de lвАЩHumanit√© tout enti√®re,
√Іui qui disait, √† sa mani√®re,
de bien sвАЩaimer les uns les autвАЩes,
de sвАЩ pardonner, de jamais sвАЩ tuer,
celui qui voulait pas de guerre,
et qui lвАЩ jactait √† sa fa√Іon :
un typвАЩ dans le genrвАЩ de Wilson
mais pas dans le genrвАЩ protestant,
√Іui quвАЩadorait les pвАЩtits nenfants,
qui fвАЩsait des miraquвАЩs si marants
quвАЩ √Іa d√©bectait tous les savants :
Enfin un Sage, un Orateur,
eh bien, jвАЩestimвАЩ, sans nul battage,
électeur, mon frère électeur,
que tu lвАЩ foutrais en ballotage !!!
TвАЩes vraiment pas √† la zвАЩhauteur
√©lecteur, mon fr√®re √©lecteur …
Extrait de:
1919, Le Miroir des Amazones