Le Dernier Soupir du Jardin Secret
Au fond d’un clos où le temps s’est fracturé,
Un vieil homme erre, spectre aux pas déviés,
Portant le deuil des printemps ensevelis,
Son cœur, un livre où s’effeuillent les oublis.
Les murs croulants, gardiens de mille secrets,
Retiennent l’ombre des bonheurs incomplets ;
Les rosiers fous, jadis courbés sous les noms,
Ne murmurent plus que des ronces sans somme.
Il caresse un banc de pierre érodé,
Frémissement d’un duo assassiné :
Là, chaque été, sous les tilleuls en fleur,
Une voix riait, plus claire que le leur.
Maintenant, le vent traîne un air de complainte,
Les pavés grièvent sous le poids de l’absence,
Et le bassin, miroir des cieux terni,
Reflette un ciel où nul oiseau n’a nidi.
***
Un matin pâle, il trouve entre les mousses
Une clé rouillée aux arabesques douces,
Souvenir d’un pacte avec l’éternel :
Ouvrir ce portail scellé de cris mortels.
Derrière, un sentier en lacets de mystère
S’enfonce au cœur des ténèbres terrestres ;
Il suit, hagard, ces méandres obscurs,
Comme un noyé happé par le futur.
Les arbres tors, sentinelles difformes,
Inclinent leurs troncs en de funèbres formes,
Et dans leurs bras, des fruits noirs et luisants
Saignent un suc aux parfums de néant.
Au bout du chemin—une clairière livide
Où gît un puits aux lèvres d’orpheline,
D’où monte un chant plus triste que la nuit :
« Viens, ancien roi d’un royaume détruit… »
***
L’homme se penche au bord du vide altier,
Son souffle agite un écho prisonnier :
« Qui donc es-tu, fantôme sans visage ?
— Je suis la voix de ton ultime passage.
Ton jardin n’est qu’un leurre constellé,
Chaque fleur morte un amour envolé ;
Ces murs menteurs, cadres de tes chimères,
Crouleront quand fuiront tes dernières fièvres.
Regarde ! » Et l’eau, soudain vive et profonde,
Lui montre un champ de cendres sous les mondes :
Sa maison, l’arbre où battait son espoir,
Tout est poussière… et pourtant, tout est soir.
***
Il reste là, pétrifié d’effroi,
Tandis que tombe une pluie sans émoi,
Lessivant l’or des mensonges fanés,
Dénudant l’os des destins condamnés.
Le puits engloutit ses larmes de sagesse,
Le sentier fond comme un rêve qui se laisse,
Et le vieillard, debout dans le néant,
Sent croître en lui un froid de diamant.
***
Rentré au clos, il voit tout autrement :
Les roses ne sont que dents de tourment,
Le banc de pierre—un cercueil mal sculpté,
Le ventre creux des murs—sa liberté.
Il marche encore, mais chaque pas alerte
Fait s’effriter la terre sous ses herses ;
Le ciel se fend en un long cri strident,
Le jardin craque, tombe en gémissant.
Et lui, souriant d’une joie amère,
Étreint le vide au cœur de cette serre :
« Enfin ! Je vois l’aube sous le linceul… »
Ses mots s’éteignent. Le jardin seul… seul…
***
Quand le soleil mord l’horizon livide,
Il ne reste plus qu’un tertre aride,
Où gisent mots, soupirs et souvenirs,
Sous un ciel lourd de silences à venir.
Parfois, la nuit, si quelque âme égarée
Foule ces lieux où la vie s’est tirée,
Elle entendra, dans un souffle de vent,
Deux rires mêlés—puis plus rien. Le néant.
Un vieil homme erre, spectre aux pas déviés,
Portant le deuil des printemps ensevelis,
Son cœur, un livre où s’effeuillent les oublis.
Les murs croulants, gardiens de mille secrets,
Retiennent l’ombre des bonheurs incomplets ;
Les rosiers fous, jadis courbés sous les noms,
Ne murmurent plus que des ronces sans somme.
Il caresse un banc de pierre érodé,
Frémissement d’un duo assassiné :
Là, chaque été, sous les tilleuls en fleur,
Une voix riait, plus claire que le leur.
Maintenant, le vent traîne un air de complainte,
Les pavés grièvent sous le poids de l’absence,
Et le bassin, miroir des cieux terni,
Reflette un ciel où nul oiseau n’a nidi.
***
Un matin pâle, il trouve entre les mousses
Une clé rouillée aux arabesques douces,
Souvenir d’un pacte avec l’éternel :
Ouvrir ce portail scellé de cris mortels.
Derrière, un sentier en lacets de mystère
S’enfonce au cœur des ténèbres terrestres ;
Il suit, hagard, ces méandres obscurs,
Comme un noyé happé par le futur.
Les arbres tors, sentinelles difformes,
Inclinent leurs troncs en de funèbres formes,
Et dans leurs bras, des fruits noirs et luisants
Saignent un suc aux parfums de néant.
Au bout du chemin—une clairière livide
Où gît un puits aux lèvres d’orpheline,
D’où monte un chant plus triste que la nuit :
« Viens, ancien roi d’un royaume détruit… »
***
L’homme se penche au bord du vide altier,
Son souffle agite un écho prisonnier :
« Qui donc es-tu, fantôme sans visage ?
— Je suis la voix de ton ultime passage.
Ton jardin n’est qu’un leurre constellé,
Chaque fleur morte un amour envolé ;
Ces murs menteurs, cadres de tes chimères,
Crouleront quand fuiront tes dernières fièvres.
Regarde ! » Et l’eau, soudain vive et profonde,
Lui montre un champ de cendres sous les mondes :
Sa maison, l’arbre où battait son espoir,
Tout est poussière… et pourtant, tout est soir.
***
Il reste là, pétrifié d’effroi,
Tandis que tombe une pluie sans émoi,
Lessivant l’or des mensonges fanés,
Dénudant l’os des destins condamnés.
Le puits engloutit ses larmes de sagesse,
Le sentier fond comme un rêve qui se laisse,
Et le vieillard, debout dans le néant,
Sent croître en lui un froid de diamant.
***
Rentré au clos, il voit tout autrement :
Les roses ne sont que dents de tourment,
Le banc de pierre—un cercueil mal sculpté,
Le ventre creux des murs—sa liberté.
Il marche encore, mais chaque pas alerte
Fait s’effriter la terre sous ses herses ;
Le ciel se fend en un long cri strident,
Le jardin craque, tombe en gémissant.
Et lui, souriant d’une joie amère,
Étreint le vide au cœur de cette serre :
« Enfin ! Je vois l’aube sous le linceul… »
Ses mots s’éteignent. Le jardin seul… seul…
***
Quand le soleil mord l’horizon livide,
Il ne reste plus qu’un tertre aride,
Où gisent mots, soupirs et souvenirs,
Sous un ciel lourd de silences à venir.
Parfois, la nuit, si quelque âme égarée
Foule ces lieux où la vie s’est tirée,
Elle entendra, dans un souffle de vent,
Deux rires mêlés—puis plus rien. Le néant.
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