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Voyage intérieur sous une montagne enneigée

Voyage intérieur sous une montagne enneigée
Plongez dans un récit envoûtant où un homme, Ombrelune, gravit les flancs d’une montagne enneigée à la recherche de son passé perdu. Entre rêve et réalité, ce poème explore les thèmes de la mémoire, de la création artistique et de l’éphémère éternel. Chaque vers est une invitation à contempler les abîmes de l’âme et les paysages glacés de l’existence.
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L’Éphémère Éternel

Au flanc des cimes où le givre tresse son linceul,
Un homme gravit l’oubli, pinceaux lourds de vertige,
Ses pas creusent des abîmes sous la lune en exil,
Et la neige, complice froide, avale chaque ligne.

Il se nommait Ombrelune, enfant des brumes lentes,
Peintre dont les couleurs par le temps furent volées.
Ses toiles, jadis éclaboussées d’aurores chantantes,
Gisaient en lui, fantômes de lueurs immolées.

« Montagne, rends-moi les matins où l’azur m’appelait,
Où chaque trait dansait tel un souffle sur l’argile ! »
Mais les rocs, sourds à l’appel des regrets inachevés,
Ne lui jetèrent que l’écho d’un rire immobile.

Il advint qu’en scrutant les plis du crépuscule,
Une cabane surgit, fragile comme un sanglot,
Porte entrouverte sur un feu qui tremblait seul,
Reflet d’un hier où brûlait l’or des sans-defaut.

Là, dans la lueur dansante aux murs de mémoire,
Une ombre filait la laine des jours révolus :
Femme au visage éteint, tissant la même histoire,
Ses doigts semblaient puiser l’encre des temps déçus.

« Toi qui hantes ces lieux où le passé s’enroule,
Dis-moi par quel sortilège on ressuscite l’aube ? »
Elle tourna vers lui des prunelles de houille,
Et sa voix fut craquement de branche sous la robe :

« Nul ne boit deux fois l’eau du même ruisseau nu,
L’artiste croit la neige éternelle… Erreur amère :
Ce que tu cherches n’est plus où tu l’as perdu,
Mais dans l’étreinte du vide où s’efface la chimère. »

Il s’enfuit, maudissant l’oracle aux mots de glace,
Gravissant plus haut les escarpements du deuil,
Là où les nuages naissent en lambeaux de frimas,
Et où les souvenirs saignent en rouge et en seuil.

Soudain, au détour d’un précipice en démence,
Apparut le village de son adolescence :
Clocher torsadé de brume, ruelles en innocence,
Et l’atelier paternel, chaudron d’immanence.

« Vois ! Les peupliers chuchotent comme autrefois,
L’étang miroite encore des rires de mère… »
Mais lorsqu’il tendit les bras vers ce mirage froid,
Tout se brisa en cristaux de fausse lumière.

Les murs fondirent en larmes granulées,
Les voix aimées devinrent hurlements de vent,
Et sous ses pieds, la montagne hallucinée
Ouvrit sa gueule de silex et de temps béant.

Il tomba, non dans le vide, mais dans l’infini
D’une grotte où scintillaient mille toiles mortes :
Autoportraits aux yeux vidés d’infini,
Paysages figés en convulsions trop fortes.

Au centre, un chevalet tendait ses bras de spectre,
Sur lui, une toile vierge hurlait de blancheur :
« Peins ! Mais sache qu’ici, chaque trait est suspect,
Car ton génie n’est que l’envers de ta rancœur. »

Saisissant les pinceaux de glace et de fièvre,
Il traça d’un geste fou un soleil noir,
Des forêts de bras tordus cherchant à le suivre,
Un ciel en lambeaux déchiré par l’espoir.

Mais à mesure que croissait l’œuvre maudite,
Ses cheveux blanchissaient, sa peau se fissurait,
La grotte absorbait chaque goutte de vie,
Et la toile, vampire, exultait en secret.

Quand vint l’instant où son cœur ne fut plus qu’une braise,
La montagne vomit son corps sur les névés,
Où des loups à l’affût guettaient cette marbrure,
Tandis qu’au loin croulait l’édifice rêvé.

Au matin, un berger trouva palette et écharpe,
Prises dans les griffes d’un sapin pleureur,
Et sur la pente immaculée, une forme s’écarpe :
Silhouette de neige au souinte de vainqueur.

Depuis, quand la bise mord les flancs de pierre,
On dit qu’un fantôme peint l’aurore boréale,
Cherchant éternellement sa lumière première,
Condamné à créer une beauté qui s’étale

En volutes de cendre et en couleurs fanées,
Tandis que son cri muet se fond dans les rafales,
Épilogue sans fin d’une âme damnée
Par l’impossible désir des choses irrémédiables.

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Ce poème nous rappelle que la quête de soi est souvent un voyage solitaire, où les souvenirs et les illusions se mêlent. Ombrelune, condamné à peindre une beauté éphémère, incarne l’éternel combat entre l’idéal et le réel. Et vous, où cherchez-vous votre lumière première ?
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Auteur: Jean J. pour unpoeme.fr
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