Dans ‘Des Recueillements à l’é.S. – Élégie’, Alphonse de Lamartine associe les chants des oiseaux à la beauté de la nature tout en réfléchissant à la fragilité de la vie. Écrit en 1841, ce poème résonne avec une profonde mélancolie face à l’impermanence, tout en célébrant la joie que ces créatures apportent aux êtres humains. À travers des métaphores puissantes, il nous invite à contempler notre propre existence en lien avec le cycle des saisons.
LES
OISEAUX
Orchestre du
Très-Haut, bardes de ses louanges,
Ils chantent à l’été des notes de bonheur ;
Ils parcourent les airs avec des ailes d’anges Échappés tout joyeux des jardins du
Seigneur.
Tant que durent les fleurs, tant que l’épi qu’on coupe
Laisse tomber un grain sur les sillons jaunis,
Tant que le rude hiver n’a pas gelé la coupe
Où leurs pieds vont poser comme aux bords de leurs nids,
Ils remplissent le ciel de musique et de joie :
La jeune fille embaume et verdit leur prison,
L’enfant passe la main sur leur duvet de soie,
Le vieillard les nourrit au seuil de sa maison.
Mais dans les mois d’hiver, quand la neige et le givre
Ont remplacé la feuille et le fruit, où vont-ils ?
Ont-ils cessé d’aimer ? ont-ils cessé de vivre ?
Nul ne sait le secret de leurs lointains exils.
On trouve au pied de l’arbre une plume souillée,
Comme une feuille morte où rampe un ver rongeur,
Que la brume des nuits a jaunie et mouillée,
Et qui n’a plus, hélas ! ni parfum ni couleur.
On voit pendre à la branche un nid rempli d’écaillés,
Dont le vent pluvieux balance un noir débris ;
Pauvre maison en deuil et vieux pan de murailles
Que les petits, hier, réjouissaient de cris.
Ô mes charmants oiseaux, vous si joyeux d’éclore !
La vie est donc un piège où le bon
Dieu vous prend ?
Hélas ! c’est comme nous.
Et nous chantons encore !
Que
Dieu serait cruel, s’il n’était pas si grand !
Paris, 25 janvier 1841
OISEAUX
Orchestre du
Très-Haut, bardes de ses louanges,
Ils chantent à l’été des notes de bonheur ;
Ils parcourent les airs avec des ailes d’anges Échappés tout joyeux des jardins du
Seigneur.
Tant que durent les fleurs, tant que l’épi qu’on coupe
Laisse tomber un grain sur les sillons jaunis,
Tant que le rude hiver n’a pas gelé la coupe
Où leurs pieds vont poser comme aux bords de leurs nids,
Ils remplissent le ciel de musique et de joie :
La jeune fille embaume et verdit leur prison,
L’enfant passe la main sur leur duvet de soie,
Le vieillard les nourrit au seuil de sa maison.
Mais dans les mois d’hiver, quand la neige et le givre
Ont remplacé la feuille et le fruit, où vont-ils ?
Ont-ils cessé d’aimer ? ont-ils cessé de vivre ?
Nul ne sait le secret de leurs lointains exils.
On trouve au pied de l’arbre une plume souillée,
Comme une feuille morte où rampe un ver rongeur,
Que la brume des nuits a jaunie et mouillée,
Et qui n’a plus, hélas ! ni parfum ni couleur.
On voit pendre à la branche un nid rempli d’écaillés,
Dont le vent pluvieux balance un noir débris ;
Pauvre maison en deuil et vieux pan de murailles
Que les petits, hier, réjouissaient de cris.
Ô mes charmants oiseaux, vous si joyeux d’éclore !
La vie est donc un piège où le bon
Dieu vous prend ?
Hélas ! c’est comme nous.
Et nous chantons encore !
Que
Dieu serait cruel, s’il n’était pas si grand !
Paris, 25 janvier 1841
Cette élégie nous pousse à réfléchir sur la cyclicalité de la vie et la manière dont nous pouvons appréhender notre propre mortalité. N’hésitez pas à explorer davantage les œuvres d’Alphonse de Lamartine et partagez vos impressions sur ce poème touchant.