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Au Grand Nombre
Au Grand Nombre, écrit par Pierre Jean Jouve en 1916, est un poème qui se dresse comme un témoin poignant de la douleur humaine face à la guerre. À travers son langage frappant et ses images saisissantes, Jouve nous pousse à réfléchir sur les conséquences dévastatrices du conflit et invite à une prise de conscience collective. Ce poème reste significatif dans le contexte actuel, résonnant avec les luttes pour la paix et la justice.
Pour Fernand Desprès à toi qui viens vers le blessé, Qui poses le canon du revolver entre ses yeux, Et tires; à toi qui fusilles ton ami Sans vouloir le reconnaÃŪtre; à toi qui fais sauter la tête au soldat de garde endormi; à toi qui lances dans l’air la bombe anonyme; à toi qui nettoies la tranchée, à ivre, Tournant et retournant le couteau Afin que ce ne soit bien lavé de sang vivant, Afin qu’il n’y ait plus une seule prière vivante; à toi, soldat de tous pays, à toi, professeur Qui écris â les mots empoisonnés comme des plaies, Les mots de fausseté, d’ordure et de sang qui coule; à toi, prostituée derrière les batailles Qui baises les cadavres de demain, et pourris ceux qui reviennent de la mort; à toi, prostitué, riche et maÃŪtre banquier, Pour qui précisément sont tuées cette nuit cent mille jeunes vies; à toi, gouvernant hilare, aux mains pleines D’ambitions, de lâchetés et d’argent sale, à Bête couverte d’honneurs! (Te voilà dans le crime jusqu’aux yeux; le crime emplit la terre et l’esprit; le crime est dieu; Tiens-toi ferme au milieu de la houle et ferme les yeux sur les morts, Sur ceux-là qui sont véritablement tes morts; Que le crime soit toujours plus grand, que le peuple soit toujours plus malade, Que le crime soit implacable -comme une peste ou le glissement d’un mont; Qu’il détruise en dix années l’ouvrage de centaines d’années, Et puisses-tu sauver tes os, Ãī gouvernant, dans la tourmente!) à vous tous, Je ne vous jette pas une pierre de haine; Je vous contemple avec des yeux clairs, car le doute n’est pas pour mon coeur un étranger; J’attire sur vous tous une lumière inhabituelle. J’ai de vous tristesse et humanité -quand bien même vous me haÃŊriez, -Et vous me haÃŊssez, je le sais, Je marcherai demain en tête des victimes. à vous tous, Je sens que si je ne vous aime point -par quelque voie détournée, Il me manque le plus précieux; La vie me manque et n’est-ce pas le plus précieux? Je sens que si je ne fonde pas, sur vous aussi, La grande cité des divins compagnons, La grande cité du monde ne sera jamais fondée. Et le malheur, et l’esclavage, et la mort continueront comme par le passé. septembre 1916 Extrait de: 1916, Poème contre le grand crime, Genève, Ãditions de la Revue Demain
En conclusion, ‘Au Grand Nombre’ nous interpelle sur notre responsabilité envers ceux qui souffrent en temps de guerre. Ce poème nous invite à explorer d’autres œuvres de Jouve pour approfondir notre compréhension des enjeux humains. N’hésitez pas à partager vos réflexions sur ce cri de désespoir et d’humanité.