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Eglogue 2

L’églogue 2 de Virgile est une œuvre emblématique de la poésie pastorale, mettant en lumière le désespoir amoureux du berger Corydon. Écrite dans le contexte du premier siècle avant J.-C., cette poésie illustre les luttes émotionnelles de ses personnages tout en reflétant la beauté des paysages ruraux. À travers ce poème, Virgile nous transporte dans un monde où la nature et les sentiments humains s’entremêlent de manière saisissante.
Le berger Corydon brûlait pour le bel Alexis, les délices de son maître, etil n’avait pas ce qu’il espérait. Seulement il venait tous les jours sous lescimes ombreuses des hêtres épais ; là, seul, sans art, il jetait aux monts,aux forêts cette plainte perdue:«O cruel Alexis, tu dédaignes mes chants, tu n’es point touché de ma peine; à la fin, tu me feras mourir. Voici l’heure où les troupeaux cherchentl’ombre et le frais; où les vertes ronces cachent les lézards; où Thestylis broie l’ail et le serpolet odorants, pour les moissonneurs accablésdes feux dévorants de l’été.Et moi, attaché à la trace de tes pas, je n’entends plus autour de moi queles buissons qui retenƟssent, sous un soleil ardent, des sons rauques descigales. Ne m’eût-il pas été moins dur de supporter les tristes colères et les superbes dédains d’Amaryllis? Que n’aimé-je Ménalque, quoiqu’ilsoit brun, quoique tu sois blanc? O bel enfant, ne compte pas trop sur la couleur: on laisse le blanc troène,on cueille la noire airelle. Tu me méprises. Alexis, et tu n’as souci de savoirqui je suis, combien je suis riche en troupeaux, combien en blanclaitage. Mille brebis paissent pour moi sur les monts de Sicile ; l’été, l’hiver,le lait nouveau ne me manque pas. Je chante les airs que chantait, quand ilappelait ses troupeaux, Amphion de Thèbes sur le haut Aracynthe. Je ne suis pas si affreux; je me suis vu naguère sur le rivage, dans la mercalme et unie; et si le miroir des eaux ne nous trompe jamais, je necraindrais pas, te prenant pour juge, Daphnis pour la beauté. O qu’il te plaise seulement d’habiter avec moi ces pauvres campagnes, etnos humbles chaumières; de percer les daims, et de chasser devant toi, avec la verte houle, la bande pressée de nos chevreaux. Avec moidans les forêts tu imiteras Pan sur tes pipeaux. Pan le premier a enseigné à joindre ensemble par la cire plusieurs chalumeaux; Pan protège et lesbrebis et les bergers. Ne crains pas de blesser avec la flûte ta lèvre délicate: pour apprendre mes airs, que ne faisait pas Amyntas? J’ai une flûte formée de sept tuyaux d’inégale hauteur, qu’autrefois Damétas m’a donnée en propre : en mourant il me dit: «Tu es le second qui l’aies.» Ainsi dit Damétas; Amyntas n’en fut-il pas sottement envieux? De plus, j’ai trouvé au fond d’un périlleux ravin deux petits chevreuils tachetés de blanc; chaque jour ils épuisent les mamelles de deux brebis: je les garde pour toi. Il y a longtemps que Thestylis me presse de les luiamener ; et elle les aura, puisque tu n’as que du dédain pour mes présents. Viens, ô bel enfant ! Voici les nymphes qui t’apportent des lis à pleines corbeilles; pour toi une blanche naïade cueillant de pâles violettes, les plus hauts pavots, et le narcisse, les joint aux fleurs odorantes de l’an et; pour toi entremêlant la case et mille autres herbes suaves, elle peint lamolle airelle des couleurs jaunes du souci. Moi-même je cueillerai les blanches pommes du coing au tendre duvet, et des châtaignes, qu’aimaitmon Amaryllis: j’y joindrai la prune vermeille ; elle aussi sera digne de teplaire. Et vous aussi, lauriers, myrtes si bien assortis, je vous cueillerai, puisqu’ainsi rassemblés vous confondez vos suaves odeurs.Tu es sot, Corydon; Alexis ne veut pas de tes présents; et si les tiens le disputaient à ceux d’Iolas, Iollas ne te cèderait pas. Malheureux, qu’ai-je dit? Je suis perdu d’amour; j’ai déchaîné l’Auster sur les fleurs, j’ai lancé le sanglier fangeux dans les claires fontaines. Ah! qui fuis-tu, insensé? Les dieux aussi ont habité les forêts; le Troyen Pâris était berger. Que Pallas aime les hauts remparts qu’elle a bâtis : nous, que les bois nousplaisent par-dessus tout. La lionne à l’oeil sanglant cherche le loup ; leloup, la chèvre; la chèvre lascive, le cytise en fleurs: et toi, Corydon techerche, ô Alexis! chacun suit le penchant qui l’entraîne. Vois, les boeufsramènent le soc levé de la charrue; et le soleil, qui descend, double lesombres croissantes: et moi je brûle encore — Est-il quelque répit à l’amour? Ah! Corydon, Corydon, quelle démence est la tienne? La vigne, unie à cet ormeau touffu, reste à demi-taillée: que ne prépares-tu plutôt quelque ouvrage utile à tes champs ? que ne tresses-tu le jonc et le flexible osier? Tu trouveras un autre Alexis, si cet Alexis te dédaigne. Extrait de: Les Bucoliques
Cette églogue nous incite à réfléchir sur les tourments de l’amour et la quête de l’acceptation. N’hésitez pas à explorer d’autres œuvres de Virgile pour découvrir plus de sa perspective unique sur les émotions humaines et la nature.
Auteur:Virgile

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