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à une Dame ou Soit-Disant Telle
Le poème ‘À une Dame ou Soit-Disant Telle’ de Voltaire est une œuvre fascinante qui révèle les complexités de l’amour et de la recherche intellectuelle. Publié dans un contexte où la pensée critique émergeait, ce poème met en lumière le parcours d’un poète tiraillé entre ses passions pour l’art et la science. C’est une réflexion sur l’amour, la beauté et le désir de comprendre le monde, qui résonne encore aujourd’hui.
Tu commences par me louer, Tu veux finir par me connaître. Tu me louras bien moins ; mais il faut t’avouer Ce que je suis, ce que je voudrais être. J’aurai vu dans trois ans passer quarante hivers ; Apollon présidait un jour qui m’a vu naître ; Au sortir du berceau j’ai bégayé des vers ; Bientôt ce dieu puissant m’ouvrit son sanctuaire ; Mon cœur, vaincu par lui, se rangea sous sa loi. D’autres ont fait des vers par le désir d’en faire ; Je fus poète malgré moi. Tous les goûts à la fois sont entrés dans mon âme ; Tout art a mon hommage, et tout plaisir m’enflamme : La peinture me charme ; on me voit quelquefois, Au palais de Philippe, ou dans celui des rois, Sous les efforts de l’art admirer la nature, Du brillant Cagliari saisir l’esprit divin, Et dévorer des yeux la touche noble et sûre De Raphaël et du Poussin. De ces appartements qu’anime la peinture Sur les pas du plaisir je vole à l’opéra. J’applaudis tout ce qui me touche, La fertilité de Campra, La gaité de Mouret, les graces de Destouches : Pélissier par son art, le Maure par sa voix, Tour à tour ont mes vœux et suspendent mon choix. Quelquefois, embrassant la science hardie Que la curiosité Honora par vanité Du nom de philosophie, Je cours après Newton dans l’abyme des cieux ; Je veux voir si des nuits la courrière inégale, Par le pouvoir changeant d’une force centrale, En gravitant vers nous s’approche de nos yeux, Et pèse d’autant plus qu’elle est près de ces lieux Dans les limites d’un ovale. J’en entends raisonner les plus profonds esprits, Maupertuis et Clairault, calculante cabale ; Je les vois qui des cieux franchissent l’intervalle, Et je vois trop souvent que j’ai très peu compris. De ces obscurités je passe à la morale ; Je lis au cœur de l’homme, et souvent j’en rougis ; J’examine avec soin les informes écrits, Les monuments épars, et le style énergique De ce fameux Pascal, ce dévot satirique ; Je vois ce rare esprit trop prompt à s’enflammer ; Je combats ses rigueurs extrêmes : Il enseigne aux humains à se haïr eux-mêmes ; Je voudrais, malgré lui, leur apprendre à s’aimer. Ainsi mes jours égaux, que les Muses remplissent, Sans soins, sans passions, sans préjugés fâcheux, Commencent avec joie, et vivement finissent Par des soupers délicieux. L’amour dans mes plaisirs ne mêle plus ses peines ; La tardive raison vient de briser mes chaînes : J’ai quitté prudemment ce dieu qui m’a quitté ; J’ai passé l’heureux temps fait pour la volupté. Est-il donc vrai, grands Dieux, il ne faut plus que j’aime ? La foule des beaux arts, dont je veux tour à tour Remplir le vide de moi-même, N’est pas encore assez pour remplacer l’amour. Extrait de: Recueil : Épîtres, stances et odes
En conclusion, ce poème de Voltaire nous pousse à réfléchir sur nos propres désirs et la place de l’amour dans notre vie. N’hésitez pas à explorer d’autres œuvres de cet auteur emblématique et partager vos impressions sur cette pièce inspirante.