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Chambre D’échos

Dans ‘Chambre D’échos’, André Velter nous entraîne dans un voyage poétique où lumière et obscurité cohabitent. Publié dans un contexte où la poésie moderne commence à questionner la place de l’homme dans un monde en constante mutation, ce poème se distingue par sa profondeur émotionnelle et ses images évocatrices. Velter aborde des thèmes universels tels que l’amour, la mort et la quête de sens à travers des métaphores riches et un langage puissant, incitant les lecteurs à réfléchir sur leur propre existence.
Si j’étais poète selon mon cœur je chanterais les pierres le soleil et les fées.
D’un seul souffle sur les sables
je tiendrais embrassées
la migration des corps
et la vie adorable
et la vie éphémère
des sources de lumière
des sources indomptables.
« À mes yeux qui rêvent quand ils voient
cette absence brûlée,
je donne une aube blanche
et le goût du mystère,
ce goût de lèvres fendues
aux rives du désert
où l’ombre seule qui passe
est le linceul troué
que la mort a banni
par grand-peur de midi
par grand-peur de la buée trop sèche
qui renaît dans un cri. »
Si j’étais dans la vacance de l’infini selon mon cœur je chanterais les pierres le soleil et les fées.
Nous n’avons pour amie que la nuit.
Nous adorons le soleil
et l’alchimie de sa lumière
qui change voix en parole,
mais une lumière se lève aussi
des promesses nocturnes
dont le cœur seul sait la mesure.
L’haleine de la terre va du gouffre aux étoiles,
naufrage ascendant et qui porte
la barque d’ombre, le nautonnier,
le chant heurté des devins,
et qui porte à l’outre-peur
sur la rive d’un fleuve qui n’existe pas
tandis qu’il traverse notre nuit,
tandis qu’il bat contre nos dents.
Au fond de l’antre ravivant son tumulte
l’oracle n’est pas de tout repos.
Il est sans rien de trop
comme mot à mot
Apollon
éveille la raison sublime dans le noir :
«J’ordonne que l’on médite
et l’écoute du sourd
et la vue de l’aveugle. »
L’injonction résonne d’âge en âge.
On dirait que le mirage est incurable qui toujours monte aux paupières dans la note tenue du monde.
Qui entend la musique des sphères?
Qui découvre le bivouac de l’infini?
Nous avons éveillé nos yeux et nos oreilles au seul écho d’un pleur d’enfant.
La nuit dira nos solitudes.
La lune n’est pas femme mais tout juste pubère, entre fillette et fille.
Elle a le teint
en lame de couteau,
reflet d’un feu lointain
qui approche,
et fièvre qui n’est que l’aube
de la fièvre.
La lune se voile et se creuse, enfant qui joue de ses reins pour saisir l’envers de son corps ou pour séduire sa peur.
Elle a treize ans.
J’avance au-dedans de moi et me voilà très au-delà,
déjà largué plus loin que la mémoire, plus loin que ce que je vois
comme un amnésique aux yeux éblouis qui filerait droit en dansant
sur la ligne d’infini où la peau et les os s’accordent un vrai baiser de sable.
Ce n’est pas rien d’être ce mouvement violent aux lèvres du néant,
pas rien de changer le requiem de l’âme en murmure d’or et de poussière,
en facéties d’atomes, en feulement d’herbes, de flammes ou de pierres,
pas rien d’échapper au corps du grand repos.
(Tout est ici maintenant et dans la suite des âges intensité de cri naissant,
ferveur et étreinte, ciel et fusion, tension d’amant, partage secret de l’impossible…
Tout est cette mort qui s’efface
quand vient un amour face à face.)
Je suis dans l’éternelle errance avec ce qui restera toujours de lumière,
de source de feu toujours
et de fille cavalière.
Je suis dans l’éternel présent, dans l’offrande du sol, des nerfs, des caresses,
dans l’éloge des visages égarés, transparents,
dans le rire à pleines dents d’une vertu cannibale bien plus que cardinale,
dans la beauté du réel absolu qui fut soif des songes
et dans le midi du monde.
Je me trouve quand je me perds,
quand je vis sur le départ, l’arête vive du premier pas, l’envol de l’éphémère.
Je ne balance pas, je bascule,
je plonge dans le lait de l’aube, sous les braises du soir, avec la même impatience de jour ou de nuit.
(Tout m’est éclat et éclair, archipel et steppe immense, bris de clôtures, bris d’épaves, bris de brisures…
J’assemble ce qui me disperse, je sème ce qui ne donnera pas de fruit,
je veux jouir d’une eau aride, d’une terre sans freins ni frontières
jouer de la vitesse de mes visions
en connaissant l’extase douce
d’un cavalier qui ralentit l’allure
à mesure que monte le soleil face à face.)
Je suis dans le souffle du vent d’Est mêlé aux migrations des chants,
je suis dans le souffle du
Levant
et parle ma langue, et rêve mes rêves, mes désirs féroces, mes abattements,
et parle ce que ma bouche a éprouvé, les accents et les tempes, les sexes et la buée,
la saveur des voyelles comme des filles
de voyous bien balancés,
le goût des feuilles sèches
et les reins déclinés,
et parle ce qui s’inscrit avec les dents sur la chair pourrie de l’époque.
Je suis plus que celui qui nie.
Je n’ai pas signé le pacte que tous ont signé.
Je regarde mes mains sans prier
et voudrais qu’elles soient énormes.
(Toute la morale que l’on nous vend,
avec ses longs cils de bébé-phoque, avec son rot d’évêque analysé, avec sa camisole de farce télévisée,
toute la morale que l’on nous vend est un neuroleptique.
tisane du piètre, tison mourant, théine éventée et atone qui changent le sang en cendre, la passion en passoire et le jus des couilles en gomme pasteurisée.)
Je n’attends plus, ne reviens plus, je suis dans le décalage de l’éternel retour dans la spirale qui creuse le regard et le cœur qui creuse les tombeaux de l’espèce,
tombeaux de vieille agonie où je ne veux plus penser où je ne veux plus passer ni mourir ni entendre de mélopée indiciaire et molle, de profession de foi, d’engagement pour
l’avenir, de contrat de confiance, de charte inaliénable…
Car la loi est le leurre suprême,
le social châtiment à perpétuité au voisinage de la norme,
mitoyenneté entre persécutés, entre persécuteurs, mitoyenneté entre prisonniers et gardiens de prison.
Les hommes se reproduisent plus vite que leurs ombres
mais beaucoup moins que leur volonté d’impuissance, mais beaucoup moins que les chiens et les rats.
Les hommes adoptent un profil bas,
et le
Livre des livres n’existe pas.
Il n’est plus temps que de se jeter à jamais
à l’assaut de soi
et partout sur les routes.
J’avance au-dedans de moi et me voilà très au-delà,
déjà vivant plus loin que la mémoire, plus loin que ce que je vois
comme un archer aux yeux très clairs qui suivrait sa flèche en dansant
dans la lumière, dans la lumière.
Ô
Voyageur, ô mon ami qui va par le minuit du monde,
où est le sens qui nous anime, qui nous alarme et nous ouvre la route
et quel est le mystère de cet acharnement?
Tu as dit la ruine des cités, l’effondrement des hommes, le règne renaissant des tyrans,
tu as dit la douleur qui creuse sous les blessures, la souffrance de l’âme, le miroir du désert,
tu as dit l’errance d’une légende vraie,
parole de poussière et d’orage qui ne veut ni preuves ni traces
mais chute libre, oubli de soi, rire d’amant.
Secrètement tu avais le destin en horreur, le dieu unique te semblait injure à l’unité,
tu gardais ce goût mortel d’une lumière en désespoir de cause,
lumière si étroite, si obscure
qu’elle n’obéissait plus aux sillons du soleil.
(La vie, les étoiles, les sphères invisibles,
toutes choses créées
en chair, en os, en actes, en pensées
ne font pas sens,
non plus que ne saurait faire sens
la recherche d’un sens…)
Les prophètes se jettent sur l’avenir comme ces chiens couverts de bave qui aboient aux basques de l’aube,
rien que des fantômes à mordre, des outres de sel où se désaltérer,
rien que des gestes pieux vers de faux infinis, de blêmes transcendances, de lourdes paraboles,
rien que du sang dans les voiles, du sang semé et moissonné, de la haine en certitude.
On amuse les tapis de prière avec de grands soupirs,
les clés du paradis pendent au cou des enfants qui jouent à la guerre sainte,
il y a de sombres brutes près des guichets du ciel.
Celui qui va par le chaos du monde on dirait qu’il traverse les décombres de son cœur, on dirait qu’il affronte ce qu’il porte et torture tout au fond de lui-même
autant que le
Dragon de la ville asservie, autant que les ténèbres qui régissent le jour.
(Car l’ennemi est au plus proche comme une ombre cousue sur le dos, un reflet noir dessous la peau, un œil retaillé au couteau.)
Voyageur à la barque fragile, tu veux gravir les remous du torrent,
tu veux rejoindre la source dans les pierres, tu veux te défaire de toi,
effacer également victoire et défaite, privilège, infortune, gloire ou famine,
quitter ce héros toujours à l’attaque qui s’acharne à colporter ton nom…
Le sens est bien au-delà des combats, des conquêtes, il accompagne raison et folie réconciliées, raison et folie embrassées tout au bord de l’immense ébou-lement
des âges.
L’arpenteur s’est mis à danser, le soufi répare des transistors, et si le but est sans but
et si le soleil se lève encore plus à l’Est de la plus incessante marche,
il est un éblouissement simple, une intense ferveur de l’être allié à l’inconnu
qui se donne à l’amour et qui aime.
Tu as laissé tes équipages,
l’exil t’a fixé le rendez-vous que tu avais prévu,
tu as ouvert les deux battants de la porte.
Chaque corps est un soleil qui brûle les doigts, les lèvres, et assèche nos nuits.
J’aime ce passage où le feu ne laisse aucune cendre mais perdu sur la peau un baiser de lumière.
(Le désir n’est-il pas
l’ami intime des âmes insolées,
l’ami fatal?)On ne sait jamais dans l’amour ce qui se brise de soif et d’ombte.
Tu as du sable plein les cheveux.
Ce poème d’André Velter nous pousse à contempler notre propre errance et la beauté qui émerge des ténèbres. N’hésitez pas à partager vos réflexions sur ‘Chambre D’échos’ et à explorer d’autres œuvres fascinantes de cet auteur inspirant.

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