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Complainte de Robert le Diable

La *Complainte de Robert le Diable*, écrite par Louis Aragon, est un poème marquant qui évoque la douleur, la nostalgie et l’errance au cœur de Paris. Publié dans une période de bouleversements politiques et sociaux, ce poème s’inscrit dans le mouvement surréaliste, où l’auteur fait appel à des images puissantes pour transporter le lecteur dans un monde où la beauté côtoie la cruauté. À travers une structure lyrique et des métaphores évocatrices, Aragon nous invite à plonger dans ses réflexions sur la vie, la mort et le destin.
Tu portais dans ta voix comme un chant de Nerval Quand tu parlais du sang jeune homme singulier Scandant la cruauté de tes vers réguliers Le rire des bouchers t’escortait dans les Halles Parmi les diables chargés de chair tu noyais Je ne sais quels chagrins Ou bien quels blue devils Tu traînais au bar derrière l’Hôtel-de-Ville Dans les ombres koscher d’un Quatorze-Juillet Tu avais en ces jours ces accents de gageure Que j’entends retentir à travers les années Poète de vingt ans d’avance assassiné Et que vengeaient déjà le blasphème et l’injure Tu parcourais la vie avec des yeux royaux Quand je t’ai rencontré revenant du Maroc C’était un temps maudit peuplé de gens baroques Qui jouaient dans la brume à des jeux déloyaux Debout sous un porche avec un cornet de frites Te voilà par mauvais temps près de Saint-Merry Dévisageant le monde avec effronterie De ton regard pareil à celui d’Amphitrite Énorme et palpitant d’une pâle buée Et le sol à ton pied comme au sein nu l’écume Se couvre de mégots de crachats de légumes Dans les pas de la pluie et des prostituées Et c’est encore toi sans fin qui te promènes Berger des longs désirs et des songes brisés Sous les arbres obscurs dans les Champs-Elysées Jusqu’à l’épuisement de la nuit ton domaine Tu te hâtes plus tard le long des quais Robert Quand Paris se défarde et peu à peu s’éteint Au geste machinal que fait dans le matin L’homme bleu qui s’en va mouchant les réverbères Ô la Gare de l’Est et le premier croissant Le café noir qu’on prend près du percolateur Les journaux frais Les boulevards pleins de senteurs Les bouches’de métro qui captent les passants La ville un peu partout garde de ton passage Une ombre de couleur à ses frontons salis Et quand le jour se lève au Sacré-Cœur pâli Quand sur le Panthéon comme un équarissage Le crépuscule met ses lambeaux écorchés Quand le vent hurle aux loups dessous le Pont-au-Change Quand le soleil au Bois roule avec les oranges Quand la lune s’assied de clocher en clocher Je pense à toi Desnos qui partis de Compiègne Comme un soir en dormant tu nous en fis récit Accomplir jusqu’au bout ta propre prophétie Là-bas où le destin de notre siècle saigne Je pense à toi Desnos et je revois tes yeux Qu’explique seulement l’avenir qu’ils reflètent Sans cela d’où pourrait leur venir ô poète Ce bleu qu’ils ont en eux et qui dément les cieux
La *Complainte de Robert le Diable* ne cesse de résonner avec ses thèmes universels de désir et de désespoir. N’hésitez pas à partager vos pensées sur ce poème poignant et à découvrir davantage d’œuvres de Louis Aragon et d’autres poètes visionnaires.
Auteur:Louis Aragon

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