OĂš veille du Seigneur l’éternelle bonté,
Une lampe brĂťlait, et dans le sanctuaire
Répandait sa douce clarté.
Une autre lampe auprès pendait inanimée,
Sans chaleur et sans flamme, et l’huile parfumée
Reposait inutile en son sein argenté.
Vous voilĂ , disait-ellle, Ă demi consumée,
Et bientôt s’éteindra votre pâle lueur :
Je plains votre destin, ma soeur !
La flamme ardente vous dévore ;
Demain quand renaĂŽtra l’aurore,
Du liquide trésor que je porte en mon sein,
Ma soeur, je serai pleine encore ;
Et vous, que serez-vous demain ?
– Vous me plaignez, répondit l’autre.
Et mon sort vous paraĂŽt bien triste auprès du vôtre :
Je le préfère cependant.
La lampe oĂš ne luit nulle flamme,
O ma soeur, c’est un corps sans âme,
Qui languit éternellement.
Je bénis la mai qui m’allume,
Car en brĂťlant je me consume,
Mais j’éclaire en me consumant.