la ruche est morte
le ciel n’est plus que cire sèche
sous la paille noircie
l’or s’est couvert de mousse
les dieux mourants ont mangé leur regard puis la clef
il a fait froid
il a fait froid
et sur le temps droit comme un i
un œil rond a gelé
grand arbre
nous n’avons plus de branches ni de
Levant ni de
Couchant le sommeil s’est tué à l’Ouest avec l’idée de jour
grand arbre
nous voici verticaux sous l’étoile
et la beauté nous a blanchis
mais si creuse est la nuit que l’on voudrait grandir grandir jusqu’à remplir ce regard sans paupière
grand arbre
l’espace est rond
et nous sommes
Nord-Sud
l’éventail replié des saisons
le cri sans bouche
la pile de vertèbres
grand arbre
le temps n’a plus de feuilles
la mort a mis un baiser blanc
sur chaque souvenir
mais notre chair
est aussi pierre qui pousse
et sève de la roue
grand arbre
l’ombre a séché au pied du sel
l’écorce n’a plus d’âge
et notre cœur est nu
grand arbre
l’œil est sur notre front
nous avons mangé la mousse
et jeté l’or
pourtant
le chant des signes ranime au fond de l’air d’atroces armes blanches
qui tue qui parle
le sang
le sang n’est que sens de l’absence
et il fait froid
grand arbre
il fait froid
et c’est la vanité du vent
morte l’abeille
sa pensée nous fait ruche
les mots
les mots déjà
butinent dans la gorge
grand arbre
blanc debout
nos feuilles sont dedans
et la mort nous lèche
est la seule bouche du savoir