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Le Quartier des Halles

Dans ‘Le Quartier des Halles’, Bernard Dimey nous invite à explorer un Paris rempli de souvenirs et de mélancolie. Écrit durant une période où le changement social et urbain était palpable, ce poème capture la beauté éphémère du vieux Paris et les émotions complexes liées à la perte et à la nostalgie. À travers ses vers, Dimey nous offre un regard tendre et amer sur un lieu cher à sa mémoire, nous poussant à réfléchir sur nos propres souvenirs et le temps qui passe.
Je ne reviendrai plus dans le quartier des Halles.
Mes diables sont partis, pour Dieu sait quel enfer…
Les touristes ont marché sur les derniers pétales
De nos derniers bouquets, on ne peut rien y faire.
Je ne suis pas client pour les pèlerinages.
Bien le bonjour chez vous ! Je ne reviendrai plus,
J’emporte mes souv’nirs avec le paysage,
Le passé dans ma poche et mon mouchoir dessus.
Lèvres couleur de sang et du velours aux chasses,
La belle sans merci fumaille en rêvassant.
Au pas lent des années j’étais celui qui passe,
Mais de Sainte Apolline au Squar’ des Innocents
On ne me verra plus jamais traîner mes guêtres
Au gré des muscadets de quatre heur’s du matin
Avec mon cinéma tout vivant dans ma tête
Et l’étincelle froide au regard des tapins.
J’allais déambuler… je croisais des fantômes,
Tire-laine en ribote ou pendus décrochés,
Et ça tourbillonnait autour des jolies mômes
Maculées de sang frais par les garçons bouchers.
Les camions de lilas s’ouvraient en avalanches
Et tout autour de moi l’air sentait le printemps.
En des temps très anciens, Saint-Eustache était blanche.
Là-bas j’étais chez moi, bien peinard, et pourtant
On ne me verra plus dans le quartier des Halles,
Ce qui peut s’y passer ne m’intéresse plus…
Les temps sont accomplis, à nous de fair’ la malle,
Je ne suis pas client pour les regrets non plus…
Adieu mes fleurs de sang, mes panthères de jeunesse,
Je vais aller traîner sur les quais de Bercy.
Malgré moi j’ai le coeur éclaté de tendresse,
Saint-Eustache a gagné, les diables sont partis.
Extrait de:
Je ne dirai pas tout
Ce poème résonne profondément avec quiconque a déjà ressenti le poids du temps et la beauté des souvenirs. N’hésitez pas à explorer davantage l’œuvre de Bernard Dimey pour découvrir d’autres fragments de vie et de poésie qui touchent à l’âme et évoquent des paysages perdus.

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