Dans le poème ‘Autres « Pierres… » de Michel Leiris, l’auteur nous plonge dans une exploration poignante de l’identité et de la mémoire. Écrit dans le contexte du 20ᵉ siècle, ce poème invite à réfléchir sur la condition humaine, les souvenirs qui façonnent notre existence et les formes artistiques d’expression. Sa richesse symbolique et son style unique font de cette œuvre une lecture essentielle pour ceux qui s’intéressent à la poésie moderne.
Si proches bien qu’à distance les êtres qu’il façonnait avaient beau n’habiter aucun lieu, ils étaient les habitants inexpugnables de leur fixité sans racines. Foison de hampes ou de stèles, figures dont il a pour toujours mis à notre hauteur les soliloques fusant à la pointe de l’absolu silence. . * Présences trouant la nuit qui tue toute présence, des corps, encore des corps et d’autres corps se dressent hors du miroir que ni exhalaison ni poussière n’embuent. • Du pied au faîte de la mince falaise où gîte un souffle qu’elle ignore des bosses attestent la fureur des mains acharnées à la faire surgir, comme les zébrures, virevoltes et autres fins sillons sur la toile emblavée pour rien sinon l’éveil d’un personnage. • Au grand air ou dans la boîte des quatre murs il les saisit, en marche ou à l’arrêt. Voyons — par le truchement de ses prises — rumeurs, pulsations et tic-tacs obscurs, craquetis d’os ou de boiseries se fondre en un unique courant qui dévale en même temps qu’il se fige. * Jeux du plus et du moins, jeux de la vie et de la mort échangées pour qu’enfin se déploie, vierge de tout survol, le drapeau que ne tache nulle couleur. Caillots d’instants, plus noueux — même au repos — que les cailloux lavés par des baves et des larmes immémoriales. • Sueurs, tourbes, écumes opaques, ses doigts les ont pétris en vain : par ce vide que contrecarraient tant de pleins et de creux juxtaposés, le voilà désormais mangé! • Poignant la rude et fantasque crinière, jambages (pour nous seuls) d’une écriture indélébile, l’espace et le temps récusés par son pouce sans onction l’ont-ils nié à son tour? • Alberto, prénom à jamais privé de la flambée du vocatif puisque Giacometti est maintenant relégué dans l’exil de la troisième personne…
Ce poème invite à méditer sur la dualité de la vie et de la mort, tout en nous poussant à apprécier les nuances de l’existence. N’hésitez pas à explorer davantage les œuvres de Michel Leiris pour découvrir d’autres réflexions profondes et touchantes.