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Ode a Alcippe

L’Ode à Alcippe de François Maynard est un poème emblématique du XVIIe siècle qui interroge la notion de mortalité et l’illusion des honneurs terrestres. Dans un contexte où la gloire et les plaisirs sont mis en avant, l’auteur choisit de rappeler à son lecteur que la mort est inéluctable et qu’il est essentiel de se tourner vers soi-même pour trouver un sens véritable. Ce poème reste significatif aujourd’hui, car il résonne avec les questions de notre époque sur le succès et l’éphémère.
Alcippe, reviens dans nos bois.
Tu n’as que trop suivi * les rois,
Et l’infidèle espoir dont tu fais ton idole.
Quelque bonheur qui seconde tes vœux,
Us n’arrêteront pas le temps qui toujours vole
Et qui d’un triste blanc va peindre tes cheveux.
La
Cour méprise ton encens.
Ton rival monte, et tu descends,
Et dans le cabinet * le favori te joue.
Que t’a servi de fléchir le genou
Devant un
Dieu fragile et fait d’un peu de boue,
Qui souffre et qui vieillit pour mourir comme nous ?
Romps tes fers, bien qu’ils soient dorés.
Fuis les injustes adorés,
Et descends dans toi-même à l’exemple du sage.
Tu vois de près ta dernière saison :
Tout le monde connaît ton nom et ton visage
Et tu n’es pas connu de ta propre raison.
Ne forme que des saints désirs,
Et te sépare des plaisirs
Dont la molle douceur te fait aimer la vie.
Il faut quitter le séjour des mortels,
Il faut quitter
Philis,
Amarante et
Sylvie, À qui ta folle amour élève des autels.
Il faut quitter l’ameublement
Qui nous cache pompeusement,
Sous de la toile d’or, le plâtre de ta chambre.
Il faut quitter ces jardins toujours verts,
Que l’haleine des fleurs parfume de son ambre,
Et qui font des printemps au milieu des hivers.
C’est en vain que loin des hasards
Où courent les enfants de
Mars,
Nous laissons reposer nos mains et nos courages ;
Et c’est en vain que la fureur des eaux
Et l’insolent
Borée % artisan des naufrages,
Font à l’abri du port retirer nos vaisseaux.
Nous avons beau nous ménager
Et beau prévenir le danger,
La mort n’est pas un mal que le prudent évite;
Il n’est raison, adresse, ni conseil
Qui nous puisse exempter d’aller où le
Cocyte
Arrose des pays inconnus au soleil.
Le cours de nos ans est borné,
Et quand notre heure aura sonné,
Clotho ne voudra plus grossir notre fusée.
C’est une loi, non pas un châtiment,
Que la nécessité qui nous est imposée
De servir de pâture aux vers du monument.
Résouds-toi d’aller chez les morts;
Ni la race ni les trésors
Ne sauraient t’empêcher d’en augmenter le nombre.
Le potentat le plus grand de nos jours
Ne sera rien qu’un nom, ne sera rien qu’une ombre
Avant qu’un demi-siècle ait achevé son cours.
On n’est guère loin du matin
Qui doit terminer le destin
Des superbes tyrans du
Danube et du
Tage ».
Ils font les
Dieux dans le monde chrétien :
Mais ils n’auront sur toi que le triste avantage
D’infecter un tombeau plus riche que le tien.
Et comment pourrions-nous durer?
Le
Temps, qui doit tout dévorer,
Sur le fer et la pierre exerce son empire;
Il abattra ces fermes bâtiments
Qui n’offrent à nos yeux que marbre et que
porphyre,
Et qui jusqu’aux
Enfers portent leurs fondements.
On cherche en vain les belles tours

Paris cacha ses amours,
Et d’où ce fainéant vit tant de funérailles.
Rome n’a rien de son antique orgueil,
Et le vide enfermé de ses vieilles murailles
N’est qu’un affreux objet et qu’un vaste cercueil.
Mais tu dois avecque mépris
Regarder ces petits débris :
Le
Temps amènera la fin de toutes choses ;
Et ce beau ciel, ce lambris azuré,
Ce théâtre où l’Aurore épanche tant de roses,
Sera brûlé des feux dont il est éclairé.
Le grand astre qui l’embellit
Fera sa tombe de son lit :
L’air ne formera plus ni grêles, ni tonnerres :
Et l’univers, qui dans son large tour
Voit courir tant de mets et fleurir tant de terres,
Sans savoir où tomber, tombera quelque jour.
L’Ode à Alcippe nous pousse à réfléchir sur notre rapport au temps et à nos choix de vie. Alors que les illusions du monde peuvent être captivantes, ce poème nous rappelle l’importance d’une introspection sincère. N’hésitez pas à explorer d’autres œuvres de François Maynard pour enrichir votre compréhension de ses idées profondes.

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