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Atys est Changé en Pin

Dans ‘Atys est Changé en Pin’, François Mauriac s’illustre par son langage riche et évocateur, mettant en lumière la douleur de la séparation et la beauté tragique de la transformation. Ce poème se déroule dans un contexte mythologique, où l’essence humaine se mêle à celle de la nature, offrant une réflexion poignante sur l’amour et la mortalité qui résonne encore aujourd’hui.
Trop longtemps j’ai souffert de dénouer l’étreinte
Où votre humanité goûte une brève mort.
Pour un embrassement libre de toute crainte.
J’ai fait de toi cet
Arbre, et je suis sans remords !
J’ai feint d’être jalouse,
Atys, et je me flatte
D’avoir d’un faux-semblant joué les dieux du ciel.
Pour que, grand arbre humain, chaud de sève écarlate,
La résine à ton flanc coule comme le miel.
Un jeune pin tendu vers l’essence divine
Fait des signes au ciel avec ses longues mains.
Sa cime cherche un dieu, mais ses lentes racines
Dans mon corps ténébreux creusent de lents chemins.
Livre en vain tes cheveux à tous les vents du monde !
Tends tes branches au dieu que tu voudrais saisir !
Rien, rien n’arrachera ta racine profonde
A mon immense corps engourdi de plaisir.
Plus tu t’érigeras vers l’azur dont l’abîme
Recèle un pur amour inconnu de nos dieux.
Plus tes membres profonds jouiront de leur crime
Dans la nuit de mon corps que j’ai fermé sur eux.
Mais, brève éternité dont
Cybèle s’enchante,
Toute étreinte a fini quand les dieux l’ont voulu.
Homme, arbre, sève ou sang ou résine gluante.
Un jour, fleuve brûlant, tu ne couleras plus.
Jusqu’à la fin des temps, il faudra que je porte
Alys debout, rongé d’essaims et de fourmis.
Tes racines seront la chevelure morte.
Les serpents sur mon cœur à jamais endormis.
Reptiles embaumés que rien ne putréfie.
Au cadavre d’Atys ils emmêlent mon sort :
Je tends cet arbre mort aux dieux que je défie.
Je me ramasse toute autour d’un arbre mort.
Mes vignes, mes forêts et mes sillons avides
Jaillissent en rayons de ce corps calciné.
Les astres, dans leur nuit cherchant ce gibet vide.
Comme un troupeau de dieux ont vers lui cheminé.
Et seule, je ne sais, noire colonne , ô pâtre.
Doux arbre humain qui fus de feuilles frémissant.
Sur ton cadavre nu, quel aigle va s’abattre,
S’agriffer à l’écorce et te couvrir de sang…
Ce poème nous invite à plonger dans la complexité des émotions humaines face à l’amour et à la perte. N’hésitez pas à explorer davantage d’œuvres de François Mauriac pour découvrir d’autres facettes de sa brillante écriture.

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