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Chanson 2

Dans ‘Chanson 2’, Edouard Glissant nous offre une réflexion profonde sur l’existence et les décisions présentées au seuil de la vie. Écrit dans le contexte riche de la poésie contemporaine, ce poème invite le lecteur à s’interroger sur les choix entre la vie et la mort, tout en embrassant la complexité des émotions humaines. À travers des images évocatrices d’oiseaux et d’une ville, Glissant explore des thèmes de résistance et de mémoire.
Aux portes de la ville où sont les oiseleurs,
J’ai vu des oisillons refuser de mourir
En demandant pardon —
A l’air,
A leur progéniture de l’avenir,
Au feuillage, à leur chant
Qui aurait bien voulu mourir.
J’ai vu des oisillons préférer au sommeil
Le soleil inexorable.
Aux portes de la ville où sont les oiseleurs,
Où sont les oisillons.
C’eût été bien trop simple qu’il parût,
Le grand garçon timide ignoré du destin
Que pas un mur n’arrête.
Et qu’il fût là soudain au milieu de la salle,
Où dans un grand bol blanc sur la table de chêne,
Du lait poursuit sa halte.
C’eût été bien trop simple qu’il entrât,
Gêné un peu de tant savoir et de pouvoir,
Et qu’il posât, comme un silence,
Un doigt puis l’autre sur nos plaies.
C’est la distance à l’intérieur
Qui perd mesure,
Jusqu’à l’immense.
Il n’est plus qu’une sphère
Sans confins ni lieux,
Où le noir oscille
Comme un corps de monstre.
Et très loin, perdu
Dans la masse énorme,
Un œil qui regarde
Et qui brille à peine :
Le noyau de braise.
Mais le métal aussi
Tremble de longue attente
Vers les canaux du sang.
Et c’est la nuit de bon sommeil
Qui devient rare.
Oui, le jour et la rue et des milliers de gens
Qui vont et viennent
Puisqu’il fait clair.
Puisque l’horloge leur marque l’heure
D’un jour sans plus d’attaches.
Qui vont et viennent comme s’ils menaient
Parmi les astres.
Comme la ville couvait son calme
Et la nuit étant bonne à boire,
Il eut besoin de s’en aller
Vers les îles mauvaises de peur —
Apporter à leurs meules
Le grain du continent
Qui leur permît de moudre.
Peut-être après tout sur une falaise un jour
Qu’encore l’océan sera plus que de l’eau,
La bête qui parle et qui maudit.
Dans la prairie déserte
Où le bois n’est qu’un arbre
Et qui se tait trop fort.
Dans une étable lente et chaude à la bougie,
Frôlé par le vent qui ferme les portes.
Ou bien à la table,
Et me surprenant aux gestes du père —
La honte soudaine d’éprouver sur moi
Le toucher de l’ange.
Ce poème soulève des questions essentielles sur notre rapport à la vie et à notre environnement. Nous vous invitons à explorer davantage l’œuvre d’Edouard Glissant et à partager vos réflexions sur cette oeuvre puissante.

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