L’horloge devient blanche
Et pèse comme un œuf
Au centre de la paille.
*
Il faudra bien la voir encore, la tourterelle,
Avec son air toujours d’exiger sur l’autel
Le corps de l’innocent.
*
Étalé maintenant sur le sable
Et montrant
Son ventre comme un chien,
Le crabe sans odeur
N’aura jamais fini.
*
Les pigeons bleus et blancs
Dans les jardins d’enfants,
Mais on était prêt.
A tout instant,
A leur faire place auprès de soi
Sur la chaise ou le banc,
Et même,
Ceux qui étaient beaux particulièrement
A les prendre sur soi pendant plus longtemps
Et à les regarder vivants.
+
Le chat dans la pénombre
A la tombée du jour
Abandonnait sa faim,
Rentrait dans son mensonge
Et devenait immense.
L’assiette est blanche
Et presque on pourrait la toucher.
Vois ta main qui s’avance
Et tremble sur les bords
Comme un oiseau de proie
Qui n’en croirait ses yeux.
La table, la chaise ou un autre bois,
L’heure est donc venue
De les regarder
Si fort que l’on peut,
Ne sachant que trop
Qui, encore une fois, se fatiguera.
Mais il faut quand même
Essayer.
Sur un bol, sur un mur
La lumière est posée.
Sur le bol, sur le mur
Du soleil est venu
Combler qui les regarde
Et désirait les voir.
Mais il les voit mener
D’autres combats encore
Que les tournois dans l’ombre
Au jeu de la mort douce.
*
Nous n’avions pas accoutumé
De penser que la pluie
Pouvait tomber pour nous
Par haine ou par amour,
Pour nous fraîchir la terre
Et pour laver nos corps
Ou s’opposer aux longues
Par les chemins de terre e
Nous avions accepté pour toujours qu’elle arrive
Nous replonger de temps en temps
Dans son royaume sans terreur.
*
Si l’orage avait gardé
Plus longtemps son pouvoir,
Le bois serait traversé
Des rumeurs que nous portons.
Mais le bois dort sur un secret
Et par ses multiples couches
Saura bien peu de nos deux corps.
*
Va dans la fleur et viens nous dire
Si c’est meilleur.
Si c’est travail que la montée
Ou débarras.
Dis-nous surtout comment on fait,
Venant du noir et des lenteurs,
Pour supporter d’être couleur
Aux papillons et pour personne.
Si l’on n’a pas envie souvent
Du labyrinthe avec les pierres
Et si c’est vrai qu’on y a peur,
Surtout le jour,
De la durée.
*
Même les mots de pluie,
De boue et de dimanche,
On faisait de son mieux
Pour qu’ils soient des amis,
Les jours au moins de boue,
De pluie et les dimanches.
*
De son poids de mélancolie
Le feu formait les régions bleus,
On aurait dit.
Et de la part ancienne et plus charnue du boia,
Les rouges qui croyaient guérir et s’échapper.
Quant aux endroits plus jaunes
Et surtout les coins blancs,
C’était de nous
Qui regardions,
Nos mains futures ou nos désirs
Qui les rejoignent.
*
L’espoir caché
De pouvoir dire
Aujourd’hui, mes amis, la chaise,
Aujourd’hui la chaise
A frémi.
Alors commence
Un autre jour.
L’ordre des papillons
Se penche sur les fleurs
Et s’alourdit le ventre
A toucher leurs dédales,
Comme un soleil descend
Grossi par les averses
Et coule à l’horizon.
*
Si l’ombre peut jouer les voix de la présence
A cet homme il est vrai séparé par les murs,
C’est pour approfondir des raisons de victoire
Qu’il détourne son corps de l’ombre cajolante
Et regarde un carreau
Tout blanc, dans la cuisine,
Qui ne peut, lui non plus,
Se contenter de peu.
*
Ceux qui n’ont pour moyens de pouvoir que leur cri
T’ont crié, maison vieille :
C’est pour toi,
Fais-en plus.
Ouvre la terre, vieille maison,
Ouvre la terre pour dire
Si tu aimes,
Si au moins tu aimes.
On ne peut pas nier : la lune suppliait
Qu’on la fracasse à coups de triques
Ou qu’on la fonde avec l’eau sourde
A la fontaine.
Pour nous ce n’était pas l’excès de la douceur,
Ni les relents de la traîtrise.
Nous, nos loisirs étaient trop rares,
Payés trop chers.