L’Ultime Adieu sous l’Étoile Errante
Où le sable, tel un linceul d’or éteint,
Embrasse les cicatrices de la terre et du cœur,
Un soldat, las de batailles et d’amers funérailles,
Pose le pied sur l’arène de l’immensité,
Chacun de ses pas résonnant comme une complainte
Contre l’oubli et la désolation des jours envolés.
Il fut jadis, sous le fracas des canons et la fureur des vents,
Un héros aux yeux ardents, aux rêves d’un monde en paix,
Mais aujourd’hui le front a laissé en lui le goût du fer et de l’amertume,
Ses mains tremblantes, encore meurtries par l’ombre des combats,
Tissent en silence les derniers vers d’un espoir déchu.
Car dans le fracas des mémoires et la poussière des larmes,
Se noie en lui le chant funèbre d’une destinée brisée.
Les dunes s’étirent comme des vagues d’un océan muet,
Les contours de l’horizon ballottés par des tempêtes oubliées,
Et dans cette mer de sable infini, il cherche
L’éclat fugace d’un souvenir d’autrefois,
Là où la lumière d’une étoile, pâle messagère,
Semble murmurer une promesse d’adieu inévitable.
Sous le firmament d’un ciel d’encre,
Où la nuit dépose ses rideaux scintillants,
Il aperçoit, tel un phare dans l’obscurité,
Une modeste lueur émanant de l’astre solitaire.
Cette étoile, dans son éclat mélancolique et lointain,
Réveille en lui la mémoire d’une vie d’illusion,
Et porte avec elle, dans sa clarté, le sceau du destin.
Dans un murmure que seule l’âme pourrait déchiffrer,
Il s’adresse à l’astre, confident silencieux,
« Ô toi, gardienne des rêves révolus,
Éclaire mon chemin incertain,
Fais perdurer en un instant ce fragile espoir,
Avant que le voile de l’oubli n’emprisonne mes jours. »
Mais la réponse se fond dans le vent, battement sourd sans écho.
Le souvenir des champs de bataille s’évapore à présent
Comme la brume sur la plaine aux premières lueurs du crépuscule,
Et dans ce décor grandiose d’ombre et de lumière,
Le soldat entend la voix de son propre cœur naufragé,
Narrant l’histoire d’un homme jadis fier et passionné,
Dont le front, meurtri et courbé par le poids du destin,
Porte l’inscription indélébile de la douleur et de l’espoir perdu.
Les contingents du passé défilent en ombres errantes :
Les camarades aux regards éteints, les serments consumés par la fureur,
Et l’ami, le frère de sang, dont la voix s’est tue
Dans le fracas des météores de la guerre.
Chacun de ces visages se fond en un chœur lugubre,
Une complainte collective, un adieu silencieux
Dont les notes s’épanchent sur l’étendue du désert.
Ainsi, le soldat, face à l’immensité des rives solitaires,
Récupère les vestiges épars de son passé,
Les fragments d’un monde autrefois bercé par la lumière,
Mais aujourd’hui éteint, consumé par le temps et les regrets.
Il se rappelle, avec une intensité douloureuse,
Les jours où le soleil, tel un ami charitable,
Irradiait ses rêves, éclipsant la guerre et la peur.
Son regard se perd dans l’infini du sable mouvant,
Où la douleur se mêle à l’écho des espoirs déchus,
Et dans un ultime souffle, il entame un dialogue avec l’astre,
Comme s’il pouvait implorer la clémence d’un destin révolu.
« Ô étoile, complice de mes errances,
Accorde-moi ce rare moment de douceur,
Ce dernier instant où l’âme peut encore ressentir
La caresse d’un amour défunt, d’un espoir jadis vibrant. »
Le vent, porteur de légendes et d’amertumes ancestrales,
S’immisce parmi les vers de cette confession intime,
Faisant danser les ombres sur la toile du soir,
Et, pour un bref moment, le temps semble suspendu.
Les dunes, telles les pages usées d’un grand livre,
Relatent les épopées d’une bravoure passée,
Alors que le soldat, méditant sur son destin,
S’abandonne à la muse d’un adieu inéluctable.
La nuit, cette confidente énigmatique et froide,
Recouvre le désert d’un manteau d’étoiles vacillantes,
Et, sous cette voûte céleste, il se met à conter,
En vers longs et plaintifs, l’histoire de son opprobre et
De l’espoir qui, jadis, illuminait le cœur de l’homme.
Chaque mot, chaque syllabe, devient le reflet
Des batailles intérieures, des larmes salées d’un désespoir
Qui, à l’instar du sable, ne peut être scellé ni renfermé.
Les échos du passé vibrent encore dans le murmure du vent,
Une symphonie de regrets et de glorieux instants éteints,
Car la vie d’un soldat est un poème fragile et éphémère,
Fait de rêves brisés et de promesses qui s’enfuient.
Il se souvient de ces instants suspendus,
Où, sous la caresse tendre de l’aube,
Il avait cru en un avenir paré de lumière,
Un avenir où la paix danserait librement sur la terre.
Mais ces instants se sont fanés, emportés par le sablier du destin,
Et l’espoir, tel un papillon aux ailes de verre,
S’est brisé sur les roches acérées d’une réalité implacable.
Le soldat, désormais seul face à ce vide infini,
Sent le poids de chaque souvenir s’empiler en lui,
Un fardeau invisible mais aussi insoutenable que le désert,
Où chaque grain de sable porte en lui la mémoire
D’une vie qui s’éteint dans le fracas des silences.
Alors qu’il avance, solitaire pèlerin sur cette terre oubliée,
Une dernière vision se dessine, radieuse et funeste à la fois :
Une silhouette, fantomatique dans la pâle lumière nocturne,
Surgit des limbes d’un passé inaltérable,
Telle la réminiscence d’un rêve, d’un rire ancien,
Et, dans un adieu éphémère, se joint à son destin.
« Mon ami, » semble-t-elle murmurer avec la voix des étoiles,
« Voici l’heure où toute l’ivresse des jours se suspend. »
Dans ce dialogue muet, le soldat perçoit la vérité
De son errance incessante, de la quête vaine d’un salut
Qui se dissout dans l’immensité froide et impassible du désert.
Il entend la résonance de ses propres pas,
Marquant l’ultime renoncement à ce qui fut jadis
Un monde d’image et de rêves, à présent réduit aux cendres.
« Ô toi, éclat de ma vie désormais éteinte, »
S’élève en lui une prière de douleur écrite sur le vent.
Le temps, implacable, emporte dans sa course cruelle
Les dernières lueurs de son idéal, ces feux vacillants
Dont chaque étincelle était en réalité le signe
D’une humanité éperdue, d’un avenir désormais effacé.
Dans l’instant ultime, l’étoile, messagère silencieuse,
S’abaisse sur l’horizon, témoignant du dernier adieu,
Et, dans un éclat aussi éphémère que le battement d’un cœur,
Le soldat se dissout dans l’obscurité de sa propre fin.
La clarté de cette vision d’unastres s’éteint doucement,
Se fondant dans l’immensité nocturne où les ombres se confondent,
Et le désert, gardien muet de tant d’histoires oubliées,
Recueille en son sein le secret de la douleur ancestrale :
Celui d’un homme qui, ayant arpenté mille fautes,
N’avait su atteindre la lumière ultime,
Lumière qui aurait pu être l’espérance d’un lendemain
Où le cœur ne serait plus enchaîné à des songes déchus.
Les grains de sable, témoins silencieux des batailles passées,
S’enivrent de ce dernier soupir, de ce murmure d’adieu,
Et, dans l’étendue infinie, le souvenir du soldat
S’inscrit à jamais, tel un sillon dans la mémoire du monde.
Car ici, dans ce lieu où l’écho des vies s’efface,
Le destin se fait tragédie, l’espoir s’avoue vaincu,
Et l’ultime adieu, murmuré sous la vénération d’une étoile,
Scelle l’âme errante d’un être qui n’a su retrouver son humanité.
Alors, lorsque l’aube timide viendra percer l’obscur voile de la nuit,
Elle découvrira, dans le vaste théâtre de l’univers,
Les vestiges d’un adieu qui, dans sa douleur infinie,
Transcende le temps et l’espace, rappelant à l’humanité
Que chaque souffle, chaque battement, chaque larme versée
Est le reflet d’une lutte vaine, d’un espoir qui s’est éteint
Dans l’immensité impitoyable d’un destin sans retour.
Et c’est là, dans l’ultime soupir de l’instant suspendu,
Que le soldat, dernier vestige de ses combats tumultueux,
Prononce en silence l’adieu définitif à ses rêves fanés :
« Adieu, espérance qui n’a pu fleurir dans le désert des âmes ;
Adieu, mirage d’une vie que j’aurais voulu plus belle,
Mais que le sort, cruel et implacable, m’a arrachée sans retour. »
Les étoiles, en écho à sa plainte, s’évanouissent peu à peu
Dans ce firmament où désormais ne subsiste plus qu’un seul éclat.
Ainsi se referme l’arcane tragique de ce destin solitaire,
Dans le murmure du vent et le silence éternel des dunes,
Où l’histoire d’un homme, déchu de ses rêves de jadis,
S’inscrit en vers amers, en une ode immortelle
À l’espérance perdue, à la lumière refusée,
Et à la fatalité d’un adieu sous la lueur d’une étoile
Qui, dans son ultime scintillement, raconte l’histoire
D’un cœur en exil, d’une âme qui s’est éteinte en secret.
Le désert recueille ainsi son ultime poème,
Où la bravoure se mêle au désespoir comme l’encre sur le parchemin,
Et dans ce ballet silencieux, le soldat, figure tragique,
S’efface, emporté par le flux implacable du temps,
Ne laissant derrière lui que l’écho poignant d’un espoir
Qui, dans la clarté mourante de l’astre, s’est perdu à jamais.
Et l’œil du ciel, témoin muet de cette saga déchirante,
Sourit, dans un ultime répit, aux larmes d’un adieu inéluctable.