Hélas ! la pluie, hélas ! la brume
Ont abîmé mes vêtements
Et je contemple obstinément
La lampe claire qu’on allume.
Â
Les fossés luisent, chargés d’eau.
Je marche dans l’herbe mouillée.
Les hautes cimes dépouillées
Sont croassantes de corbeaux.
Â
Par cette nuit qui me tourmente,
Ceux qu’on retient voudraient partir…
Eh ! tavernier, mon repentir
Est sincère encor que je mente.Â
II
Qui je suis ? Mais, toi, qui es-tu ?
La lampe fume.
Le vent qui se plaignait s’est tu.
Quelle douceur ! Quelle amertume !
Â
D’où je viens ? Mais toi, d’où viens-tu ?
L’horloge sonne.
Tu regardes, las et tĂŞtu,
Mais tu ne reconnais personne…
Â
Où je vais ? Mais où t’en vas-tu,
Butant aux pierres,
Par la nuit sans lune et vĂŞtu
De tes dĂ©froques coutumières ?Â
III
Â
Tu ne voudrais pas me donner la main.
— Je cherche ma route —
J’ai toujours suivi le mauvais chemin.
Â
Tu ne pourrais pas, tu ne saurais pas,
— Je cherche ma route —
Faire que ton pas s’accorde à mon pas.