Parthénope et l’Étrangère, écrit par Casimir Delavigne, est un poème qui transcende le temps en abordant des thèmes universels tels que la liberté et la résistance contre l’oppression. Évoquant des figures historiques et une profonde sensibilité à la condition humaine, ce poème invite les lecteurs à réfléchir sur l’importance de la liberté dans nos vies. En utilisant des images puissantes, Delavigne nous plonge dans une époque où le combat pour l’émancipation était crucial.
à€ M. Pouqueville
O femme, que veux-tu ? ā€“ Parthénope, un asile.
ā€“ Quel est ton crime ? ā€“ Aucun. ā€“ Qu’as-tu fait ? ā€“ Des ingrats.
ā€“ Quels sont tes ennemis ? ā€“ Ceux quéaffranchit mon bras ;
Hier on mā€™adorait, aujourdā€™hui lā€™on mā€™exile.
ā€“ Comment dois-tu payer mon hospitalité ?
ā€“ Par des périls dā€™un jour et des lois à©ternelles.
ā€“ Qui tā€™osera poursuivre au sein de ma citĆ© ?
ā€“ Des rois. ā€“ Quand viendront-ils ? ā€“ Demain. ā€“ De quel cĆ´tĆ© ?
ā€“ De tousā€¦ Eh bien ! Pour moi tes portes sā€™ouvrent-elles ?
ā€“ Entre ; quel est ton nom ? ā€“ Je suis la LibertĆ© !
Recevez-la, remparts antiques,
Par elle autrefois habitƩs ;
Au rang de vos divinitƩs
Recevez-la, sacrƩs portiques ;
Levez-vous, ombres hĆ©roĆÆques,
Faites cortĆ©ge Ć ses cĆ´tĆ©s.
Beau ciel napolitain, rayonne dā€™allĆ©gresse ;
Ć” terre, enfante des soldats ;
Et vous, peuples, chantez ; peuples, cā€™est la dĆ©esse
Pour qui mourut LĆ©onidas.
Sa tĆŖte a dĆ©daignĆ© des ornemens futiles :
Les siens sont quelques fleurs qui semblent sā€™entrā€™ouvrir ;
Le sang les fit Ć©clore au pied des thermopyles :
Deux mille ans nā€™ont pu les flĆ©trir.
Sa couronne immortelle exhale sur sa trace
Je ne sais quel parfum dont sā€™enivre lā€™audace ;
Sa voix terrible et douce a des accens vainqueurs,
Qui ne trouvent point de rebelle ;
Ses yeux dā€™un saint amour font palpiter les cÅ“urs,
Et la vertu seule est plus belle.
Le peuple se demande, autour dā€™elle arrĆŖtĆ©,
Comment elle a des rois encouru la colĆØre.
Ā« HĆ©las ! RĆ©pond cette noble Ć©trangĆØre,
Je leur ai dit la vƩritƩ.
Si jamais sous mon nom lā€™imprudence ou la haine
Ɖbranla leur pouvoir, que je veux contenir,
Est-ce Ć moi dā€™en porter la peine ?
Est-ce aux Germains Ć mā€™en punir ?
Ā« Ont-ils donc oubliĆ©, ces vaincus de la veille,
Ces esclaves dā€™hier, aujourdā€™hui vos tyrans,
Que leurs cris de dƩtresse ont frappƩ mon oreille,
Quā€™auprĆØs dā€™Arminius jā€™ai marchĆ© dans leurs rangs ?
Seule, jā€™ai ralliĆ© leurs peuplades tremblantes ;
Et, de la Germanie armant les dƩfenseurs,
Jā€™ai creusĆ© de mes mains, dans ses neiges sanglantes,
Un lit de mort aux oppresseurs.
Ā« Vengez-moi, justes dieux qui voyez mes outrages.
Puisse le souvenir de mes bienfaits passƩs
Poursuivre ces ingrats, par lā€™effroi dispersĆ©s !
Puissent les fils dā€™Odin errans sur les nuages,
Le front chargĆ© dā€™orages,
La nuit leur apparaĆ®tre Ć la lueur des feux !
Et puissent les dƩbris des lƩgions romaines,
Dont jā€™ai blanchi leurs plaines,
Se lever devant eux !
Ā« Que dis-je ? Rome entiĆØre est-elle ensevelie
Dans la poudre de leurs sillons ?
Mon pied, frappant le sein de lā€™antique Italie,
En fait jaillir des bataillons.
Rome, ne sens-tu pas, au fond de tes entrailles,
Sā€™agiter les froids ossemens
Des guerriers citoyens, que tant de funƩrailles
Ont couchƩs sous tes monumens ?
Ā« GĆ©nois, brisez vos fers ; la mer impatiente
De vous voir secouer un indigne repos,
Se gonfle avec orgueil sous la forĆŖt flottante
OĆ¹ vous arborez mes drapeaux.
Ā« Veuve des MĆ©dicis, renais, noble Florence !
PrĆ©fĆØre Ć ton repos tes droits que je dĆ©fends ;
PrĆ©fĆØre Ć lā€™esclavage, oĆ¹ dorment tes enfans,
Ton orageuse indƩpendance.
Ā« Ć” fille de Neptune, Ć´ Venise, Ć´ citĆ©
Belle comme VĆ©nus, et qui sortis comme elle
De lā€™Ć©cume des flots, surpris de ta beautĆ©,
Ɖpouvante Albion dā€™une splendeur nouvelle.
Doge, rĆØgne en mon nom ; sĆ©nat, reconnais-moi ;
RĆ©veille-toi, ZĆ©no ; Pisani, lĆØve-toi :
Cā€™est la libertĆ© qui tā€™appelle. Ā»
Elle dit : Ć sa voix sā€™agite un peuple entier.
Dans la fournaise ardente
Je vois blanchir lā€™acier :
Jā€™entends le fer crier
Sous la lime mordante ;
Lā€™enclume au loin gĆ©mit, lā€™airain sonne, un guerrier
PrĆ©pare Ć ce signal sa lance menaƧante,
Un autre son coursier.
Le pĆØre chargĆ© dā€™ans, mais jeune encor dā€™audace,
Arme son dernier fils, le devance et prend place
Au milieu des soldats.
ArrĆŖtĆ© par sa sÅ“ur qui rit de sa colĆØre,
Lā€™enfant dit Ć sa mĆØre :
Je veux mourir dans les combats.
Que nā€™auraient-ils pas fait, ceux en qui la vaillance
Avait la force pour appui ?
Quel homme dans la fuite eƻt mis son espƩrance,
Et quel homme aurait craint pour lui
Cette mort que cherchaient la vieillesse et lā€™enfance ?
Ils sā€™Ć©criĆØrent tous dā€™une commune voix :
Ā« Assis sous ton laurier que nous courons dĆ©fendre,
Virgile, prends ta lyre et chante nos exploits ;
Jamais un oppresseur ne foulera ta cendre. Ā»
Ils partirent alors ces peuples belliqueux,
Et trente jours plus tard, oppresseur et tranquille,
Le germain triomphant sā€™enivrait avec eux
Au pied du laurier de Virgile.
La LibertƩ fuyait en dƩtournant les yeux,
Quand ParthƩnope la rappelle.
La dĆ©esse un moment sā€™arrĆŖte au haut des cieux ;
Ā« Tu mā€™as trahie ; adieu, dit-elle,
Je pars. ā€“ Quoi ! Pour toujours ? ā€“ On mā€™attend. ā€“ Dans quel lieu ?
ā€“ En GrĆØce. ā€“ On y suivra tes traces fugitives.
ā€“ Jā€™aurai des dĆ©fenseurs. ā€“ LĆ , comme sur mes rives,
On peut cĆ©der au nombre. ā€“ Oui, mais on meurt ; adieu ! Ā»
O femme, que veux-tu ? ā€“ Parthénope, un asile.
ā€“ Quel est ton crime ? ā€“ Aucun. ā€“ Qu’as-tu fait ? ā€“ Des ingrats.
ā€“ Quels sont tes ennemis ? ā€“ Ceux quéaffranchit mon bras ;
Hier on mā€™adorait, aujourdā€™hui lā€™on mā€™exile.
ā€“ Comment dois-tu payer mon hospitalité ?
ā€“ Par des périls dā€™un jour et des lois à©ternelles.
ā€“ Qui tā€™osera poursuivre au sein de ma citĆ© ?
ā€“ Des rois. ā€“ Quand viendront-ils ? ā€“ Demain. ā€“ De quel cĆ´tĆ© ?
ā€“ De tousā€¦ Eh bien ! Pour moi tes portes sā€™ouvrent-elles ?
ā€“ Entre ; quel est ton nom ? ā€“ Je suis la LibertĆ© !
Recevez-la, remparts antiques,
Par elle autrefois habitƩs ;
Au rang de vos divinitƩs
Recevez-la, sacrƩs portiques ;
Levez-vous, ombres hĆ©roĆÆques,
Faites cortĆ©ge Ć ses cĆ´tĆ©s.
Beau ciel napolitain, rayonne dā€™allĆ©gresse ;
Ć” terre, enfante des soldats ;
Et vous, peuples, chantez ; peuples, cā€™est la dĆ©esse
Pour qui mourut LĆ©onidas.
Sa tĆŖte a dĆ©daignĆ© des ornemens futiles :
Les siens sont quelques fleurs qui semblent sā€™entrā€™ouvrir ;
Le sang les fit Ć©clore au pied des thermopyles :
Deux mille ans nā€™ont pu les flĆ©trir.
Sa couronne immortelle exhale sur sa trace
Je ne sais quel parfum dont sā€™enivre lā€™audace ;
Sa voix terrible et douce a des accens vainqueurs,
Qui ne trouvent point de rebelle ;
Ses yeux dā€™un saint amour font palpiter les cÅ“urs,
Et la vertu seule est plus belle.
Le peuple se demande, autour dā€™elle arrĆŖtĆ©,
Comment elle a des rois encouru la colĆØre.
Ā« HĆ©las ! RĆ©pond cette noble Ć©trangĆØre,
Je leur ai dit la vƩritƩ.
Si jamais sous mon nom lā€™imprudence ou la haine
Ɖbranla leur pouvoir, que je veux contenir,
Est-ce Ć moi dā€™en porter la peine ?
Est-ce aux Germains Ć mā€™en punir ?
Ā« Ont-ils donc oubliĆ©, ces vaincus de la veille,
Ces esclaves dā€™hier, aujourdā€™hui vos tyrans,
Que leurs cris de dƩtresse ont frappƩ mon oreille,
Quā€™auprĆØs dā€™Arminius jā€™ai marchĆ© dans leurs rangs ?
Seule, jā€™ai ralliĆ© leurs peuplades tremblantes ;
Et, de la Germanie armant les dƩfenseurs,
Jā€™ai creusĆ© de mes mains, dans ses neiges sanglantes,
Un lit de mort aux oppresseurs.
Ā« Vengez-moi, justes dieux qui voyez mes outrages.
Puisse le souvenir de mes bienfaits passƩs
Poursuivre ces ingrats, par lā€™effroi dispersĆ©s !
Puissent les fils dā€™Odin errans sur les nuages,
Le front chargĆ© dā€™orages,
La nuit leur apparaĆ®tre Ć la lueur des feux !
Et puissent les dƩbris des lƩgions romaines,
Dont jā€™ai blanchi leurs plaines,
Se lever devant eux !
Ā« Que dis-je ? Rome entiĆØre est-elle ensevelie
Dans la poudre de leurs sillons ?
Mon pied, frappant le sein de lā€™antique Italie,
En fait jaillir des bataillons.
Rome, ne sens-tu pas, au fond de tes entrailles,
Sā€™agiter les froids ossemens
Des guerriers citoyens, que tant de funƩrailles
Ont couchƩs sous tes monumens ?
Ā« GĆ©nois, brisez vos fers ; la mer impatiente
De vous voir secouer un indigne repos,
Se gonfle avec orgueil sous la forĆŖt flottante
OĆ¹ vous arborez mes drapeaux.
Ā« Veuve des MĆ©dicis, renais, noble Florence !
PrĆ©fĆØre Ć ton repos tes droits que je dĆ©fends ;
PrĆ©fĆØre Ć lā€™esclavage, oĆ¹ dorment tes enfans,
Ton orageuse indƩpendance.
Ā« Ć” fille de Neptune, Ć´ Venise, Ć´ citĆ©
Belle comme VĆ©nus, et qui sortis comme elle
De lā€™Ć©cume des flots, surpris de ta beautĆ©,
Ɖpouvante Albion dā€™une splendeur nouvelle.
Doge, rĆØgne en mon nom ; sĆ©nat, reconnais-moi ;
RĆ©veille-toi, ZĆ©no ; Pisani, lĆØve-toi :
Cā€™est la libertĆ© qui tā€™appelle. Ā»
Elle dit : Ć sa voix sā€™agite un peuple entier.
Dans la fournaise ardente
Je vois blanchir lā€™acier :
Jā€™entends le fer crier
Sous la lime mordante ;
Lā€™enclume au loin gĆ©mit, lā€™airain sonne, un guerrier
PrĆ©pare Ć ce signal sa lance menaƧante,
Un autre son coursier.
Le pĆØre chargĆ© dā€™ans, mais jeune encor dā€™audace,
Arme son dernier fils, le devance et prend place
Au milieu des soldats.
ArrĆŖtĆ© par sa sÅ“ur qui rit de sa colĆØre,
Lā€™enfant dit Ć sa mĆØre :
Je veux mourir dans les combats.
Que nā€™auraient-ils pas fait, ceux en qui la vaillance
Avait la force pour appui ?
Quel homme dans la fuite eƻt mis son espƩrance,
Et quel homme aurait craint pour lui
Cette mort que cherchaient la vieillesse et lā€™enfance ?
Ils sā€™Ć©criĆØrent tous dā€™une commune voix :
Ā« Assis sous ton laurier que nous courons dĆ©fendre,
Virgile, prends ta lyre et chante nos exploits ;
Jamais un oppresseur ne foulera ta cendre. Ā»
Ils partirent alors ces peuples belliqueux,
Et trente jours plus tard, oppresseur et tranquille,
Le germain triomphant sā€™enivrait avec eux
Au pied du laurier de Virgile.
La LibertƩ fuyait en dƩtournant les yeux,
Quand ParthƩnope la rappelle.
La dĆ©esse un moment sā€™arrĆŖte au haut des cieux ;
Ā« Tu mā€™as trahie ; adieu, dit-elle,
Je pars. ā€“ Quoi ! Pour toujours ? ā€“ On mā€™attend. ā€“ Dans quel lieu ?
ā€“ En GrĆØce. ā€“ On y suivra tes traces fugitives.
ā€“ Jā€™aurai des dĆ©fenseurs. ā€“ LĆ , comme sur mes rives,
On peut cĆ©der au nombre. ā€“ Oui, mais on meurt ; adieu ! Ā»
À travers ‘Parthénope et l’Étrangère’, Delavigne nous rappelle que la lutte pour la liberté est intemporelle. Réfléchissez à cette œuvre inspirante et explorez d’autres poèmes de cet auteur pour enrichir votre compréhension de la poésie romantique.