L’été s’est éloigné, emportant ses fureurs,
Pour laisser aux grands bois une robe d’opale ;
Vois-tu danser au vent les pourpres et les ors,
Sous un soleil tardif, mélancolique et pâle ?
Notre amour est pareil à ce noble jardin,
Il ne connaît plus l’heur des passions novices ;
Mais il garde en son cœur, tel un précieux écrin,
La douceur des fruits mûrs, loin des vains artifices.
L’ocre de tes regards et le roux de l’allée
Se mêlent tendrement dans la brume du soir ;
L’âme n’est point flétrie, elle est juste apaisée,
Comme un feu qui rougeoie au fond de l’âtre noir.
Qu’importe si le givre assiège la fenêtre ?
Si l’hiver menaçant s’annonce à l’horizon ?
C’est l’automne doré qui réchauffe notre être,
Et l’amour flamboyant demeure notre maison.

