Le poème ‘Amulettes’ d’Edouard Glissant invite le lecteur à une exploration contemplative des éléments de la nature. Dans ce texte poétique du 20ᵉ siècle, Glissant utilise des images fortes pour traduire les conflits internes de l’homme face à son environnement. Par ses mots, il questionne le rapport entre la beauté naturelle et la complexité de notre existence. Son style unique résonne encore aujourd’hui, rappelant l’importance de notre connexion avec le monde qui nous entoure.
La scie va dans le bois,
Le bois est séparé
Et c’est la scie ui a cné.
Sur le toit d’ardoise
Il y a le ciel.
Le ciel est vague
Et l’on s’y noie.
On était tenté de toujours grandir
Et les nuages nous conseillaient
De les écraser, de les dépasser,
D’aller dans le clair, dans le toujours clair.
Les oiseaux dans la gorge
Ont gardé leur constance
Au printemps de plu3 tard.
La petite truite,
Grosse comme un canif,
Ne trouve plus sa pierre
Dans le grand ruisseau.
*
Tous les crustacés
Qui ont tant de noms
Et bien plus encore
De couleurs, de formes,
Ils ne savent pas
Qu’il y a la mer.
Ce qui ressemblait à la bien-aimée
C’était la tige des blés tant pressés de mûrir
Quand le soleil pensait déjà à s’incliner.
Caressant les arbustes
Au niveau de leur greffe
Dont ils ne souffrent plus qu’en rêve.
*
Les bœufs, les veaux, les vaches
Ont besoin de dormir davantage que d’autres,
Tant ils savent leur chair.
Un fagot fait un lit
Mais plutôt pour souffrir
De tout ce qui n’a pas le goût
D’un brin de bois.
On ramasse une enfant qui grelottait le soir
Dans la rue sans beauté plus rouge que ses doigts
Et de l’avoir lavée
On n’a plus rien à faire.
Ce n’était pas
Une aile d’oiseau.
C’était une feuille
Qui battait au vent.
Seulement,
Il n’y avait pas de vent
Avoir vu
Tout au fond
De sa main,
Dans l’étang,
De petits hommes
Qui remuaient.
*
Pour viatique on eût pris,
De peur des galaxies,
Un biscuit racorni
Rogné par les souris.
*
La vitre vers le froid
Tremblait pour la beauté
Que le givre ferait sur elle
Avant l’aurore.
*
Rien ne sert de bouder la lune
Ou de rêver
La tenir contre soi
Pendant les nuits d’été.
Elle est parfaite
Et va.
Il faudrait voir plus clair
Pour voir tous les objets
Gomme entre eux ils se voient.
Un pré en pente, intelligent,
Qui s’étonnait de mériter
La gentillesse de l’aubépine.
*
Deux roses qui partaient, qui s’en retournaient.
Qui étaient presque autant que mortes
Et que le temps laissait
S’accoler pour finir.
*
C’était un jour
A la gloire de l’herbe.
En ce temps-là,
Il y avait vraiment
Des violettes.
Lune,
Pour les rapts
Et les recels.
*
Dans le moulin qui n’était pas utilisé,
Où le silence avait défait
Ce qui rouille et ce qui s’effrite,
Il restait dans un sac juste assez de farine
Pour y connaître la douceur entre les doigts.
*
S’il faut rendre compte
Des beautés du monde,
On n’oubliera pas
Les moulins à vent
Que le vent détraque
Et qui nous oublient
Pour le vent, l’aurore et la liberté.
Le bois est séparé
Et c’est la scie ui a cné.
Sur le toit d’ardoise
Il y a le ciel.
Le ciel est vague
Et l’on s’y noie.
On était tenté de toujours grandir
Et les nuages nous conseillaient
De les écraser, de les dépasser,
D’aller dans le clair, dans le toujours clair.
Les oiseaux dans la gorge
Ont gardé leur constance
Au printemps de plu3 tard.
La petite truite,
Grosse comme un canif,
Ne trouve plus sa pierre
Dans le grand ruisseau.
*
Tous les crustacés
Qui ont tant de noms
Et bien plus encore
De couleurs, de formes,
Ils ne savent pas
Qu’il y a la mer.
Ce qui ressemblait à la bien-aimée
C’était la tige des blés tant pressés de mûrir
Quand le soleil pensait déjà à s’incliner.
Caressant les arbustes
Au niveau de leur greffe
Dont ils ne souffrent plus qu’en rêve.
*
Les bœufs, les veaux, les vaches
Ont besoin de dormir davantage que d’autres,
Tant ils savent leur chair.
Un fagot fait un lit
Mais plutôt pour souffrir
De tout ce qui n’a pas le goût
D’un brin de bois.
On ramasse une enfant qui grelottait le soir
Dans la rue sans beauté plus rouge que ses doigts
Et de l’avoir lavée
On n’a plus rien à faire.
Ce n’était pas
Une aile d’oiseau.
C’était une feuille
Qui battait au vent.
Seulement,
Il n’y avait pas de vent
Avoir vu
Tout au fond
De sa main,
Dans l’étang,
De petits hommes
Qui remuaient.
*
Pour viatique on eût pris,
De peur des galaxies,
Un biscuit racorni
Rogné par les souris.
*
La vitre vers le froid
Tremblait pour la beauté
Que le givre ferait sur elle
Avant l’aurore.
*
Rien ne sert de bouder la lune
Ou de rêver
La tenir contre soi
Pendant les nuits d’été.
Elle est parfaite
Et va.
Il faudrait voir plus clair
Pour voir tous les objets
Gomme entre eux ils se voient.
Un pré en pente, intelligent,
Qui s’étonnait de mériter
La gentillesse de l’aubépine.
*
Deux roses qui partaient, qui s’en retournaient.
Qui étaient presque autant que mortes
Et que le temps laissait
S’accoler pour finir.
*
C’était un jour
A la gloire de l’herbe.
En ce temps-là,
Il y avait vraiment
Des violettes.
Lune,
Pour les rapts
Et les recels.
*
Dans le moulin qui n’était pas utilisé,
Où le silence avait défait
Ce qui rouille et ce qui s’effrite,
Il restait dans un sac juste assez de farine
Pour y connaître la douceur entre les doigts.
*
S’il faut rendre compte
Des beautés du monde,
On n’oubliera pas
Les moulins à vent
Que le vent détraque
Et qui nous oublient
Pour le vent, l’aurore et la liberté.
À travers ‘Amulettes’, Glissant nous offre une réflexion profonde sur notre place dans la nature. Ce poème incite chacun à repenser son lien avec la beauté du monde et à apprécier les petites merveilles qui l’entourent. N’hésitez pas à explorer d’autres œuvres de cet auteur fascinant ou à partager vos réflexions sur ce texte.